A cette occasion, Luc Engélibert, directeur artistique, accompagné à Oran par Christine Massé Jamain, attachée à l'information, a animé une conférence de presse, dimanche dernier, pour parler de ce festival mais aussi de la personnalité de Langlois qui, assure Hadj Bensalah, responsable de la salle répertoire d'Oran, a aussi contribué, au lendemain de l'indépendance, à la mise sur pied de la Cinémathèque algérienne avec Ahmed Hocine et Boudjemaâ Kareche, ancien directeur de cette structure mis à la retraite récemment. Henri Langlois est décédé un mois avant le lancement de son initiative qui consistait, dès le départ, à créer un espace de rencontres pour les jeunes débutants dans le 7e art et contribuer ainsi à faire connaître leurs premières œuvres mais aussi déceler des talents. Avant Poitiers, les rencontres étaient abritées par la ville de Tours jusqu'à la fin des années 1980. Le Festival, qui est passé très tôt à la dimension internationale, en est à sa 30e édition. En 2002, un hommage a été rendu à la cinémathèque d'Oran avec la projection de courts métrages algériens. Aujourd'hui, ce festival « débarque » (en quelque sorte) à Oran pour voir comment aider à l'émergence d'une véritable école de cinéma en Algérie. Les cinéastes de la nouvelle vague française, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, François Truffaut... doivent beaucoup, selon M. Engélibert, à Langlois qui a passé 40 ans à cumuler, sans préjugés, des films (certains ont été perdus, d'autres sauvés), collectionner des objets de cinéma, conserver des scénarios originaux permettant d'étudier la création en marche ; en résumé, s'intéresser, sans hiérarchiser, à l'histoire du cinéma et faire découvrir des formes nouvelles. Langlois aurait même, toujours selon M. Engélibert, inspiré Martin Scorsese dans son idée de conserver les œuvres des majors américaines, les deux hommes s'étant déjà rencontrés lorsque le célèbre cinéaste américain n'était encore qu'à ses débuts. « Une première œuvre est par essence très fragile », estime le directeur artistique du Théâtre-scène national de Poitiers pour montrer l'intérêt qu'il y a à accorder à ce 1er festival au monde de films d'écoles, des écoles françaises au départ avant de s'ouvrir à l'international. A titre indicatif, pour la dernière édition, la présélection a concerné 800 films venant de 56 pays. Pascale Ferrand, qui a obtenu le césar pour son film L'Amant de Lady Chatterley, l'Allemand Aki Kaurimäki, Eric Rochant, Mathias Luthardt connu pour son film Ping-pong sont quelques uns des noms cités qui ont été, à leur début, sélectionnés par ce festival. « Même si la première œuvre est tâtonnante, on aperçoit néanmoins déjà le savoir développer un récit, construire un personnage... », explique M. Engélibert qui atteste qu'« on a vu arriver le cinéma coréen et le retour du cinéma allemand ». Il ironise en lançant : « On ne se trompe pas trop. » Mais ce qu'il relève avec regret, c'est l'absence du continent africain. « Un focus très particulier sur l'Afrique », selon sa propre formulation, est actuellement en projet pour 2008 et une prospection (Festival de Ouagadougou) est déjà entamée pour déceler une éventuelle « nouvelle cinématographie africaine ». Un projet commence à prendre forme au Mali. Pour l'Algérie qui n'est représentée que par des cinéastes originaires du pays mais qui ont étudié et produit en France (Nassim Amaouche et son film De l'autre côté), un appel est lancé pour conjuguer les efforts du secteur étatique et privé et tenter de mettre sur les rails ce qui pourrait aboutir, plus tard, à une véritable école de cinéma comme il en a existé brièvement à Ben Aknoun. Seul facteur démotivant pour cette volonté de redonner un avenir au cinéma algérien, l'état des salles de cinéma elles-mêmes.