Notre tradition la plus profonde consiste à lui rendre hommage et à souligner l'indissociable solidarité entre intellectuels et artistes. Coïncidant avec la commémoration du 47e anniversaire des manifestations du 11 Décembre 1960 qui ont constitué un tournant décisif dans l'histoire de la Guerre de libération, l'établissement Arts et Culture, un des organismes culturels les plus actifs au niveau de la wilaya d'Alger, a proposé lundi dernier un programme assez varié. Il s'agit de rendre hommage à une grande poétesse, Nadia Guendouz, et ce, pour redonner aux arts et à la culture la place qui leur sied et lutter contre l'oubli. «Sa vie et son oeuvre», était le thème d'une conférence animée à la Médiathèque Bachir-Mentouri, par les universitaires Abderrahmane Djelfaoui et Zineb Laouedj. Depuis l'âge de 15 ans et malgré les interdits, la censure, la marginalisation, elle édita deux recueils de poésies Amal en 1968 et La Corde en 1974. «On connaît beaucoup le côté poétesse, mais le côté militante et humaniste a été très peu développé», ont indiqué, dans leurs introductions les conférenciers. Cette grande dame, est née à la Casbah en 1932. Elle a vécu dans un milieu modeste. En 1950, elle entreprit des études d'infirmière. Plus tard, à l'occasion d'un voyage en France pour des soins, elle reprendra ses études pour devenir infirmière diplômée d'Etat. Cela ne l'empêchera pas de lutter aux côtés de ses frères, en adhérant avec son mari à la Fédération de France historique du FLN. Elle fut chargée en 1955 de la collecte de fonds pour la Révolution, jusqu'à son arrestation par la police française. Elle regagna le pays en 1962, et fut responsable de l'information à l'Unfa, puis chargée des affaires sociales à l'Union des écrivains algériens, ce qui ne l'empêcha pas d'élever ses trois enfants et de continuer ses études (1966 à 1969) pour devenir sage-femme. Elle travailla à l'hôpital Mustapha-Bacha jusqu'en 1974, année de son installation à El Biar, à la clinique Djalila, jusqu'à sa disparition en 1992. Ont été également débattus «les problèmes afférents aux intellectuels ainsi qu'aux présupposés idéologiques, avec comme perspective plus lointaine la définition de la culture dont les pays du tiers-monde ne seraient plus seulement les sujets mais les acteurs». Le programme prévoit, en parallèle, la mise sur pied d'expositions de photos et une projection sur le parcours de la poétesse et les témoignages des intellectuels des quatre coins du globe sur la grandeur de cette dame. Cette rencontre, qui constitue une tribune littéraire pour l'émergence de nouveaux poètes et hommes de lettres et une opportunité à même de meubler la scène littéraire en cette période devrait être étayée de communications et exposés inhérents à la situation et perspectives de la poésie populaire. Quel plus bel exemple pourrait-on trouver pour signifier la considération à cette grande dame nommée Nadia Guendouz. Notre tradition la plus profonde consiste à lui rendre hommage et à souligner l'indissociable solidarité entre intellectuels et artistes. Comme c'était le cas durant cette conférence avec, en l'occurrence, les conférenciers et leurs témoignages, la petite Lyna qui assure la relève et Mme Flora, la cantatrice avec ses chants rituels berbères, des cris contre l'oubli et l'ingratitude.