Des mots pour dire des émotions et planter des rêveries. Très poétique comme narration. Une atmosphère poétique embaume même ce recueil de nouvelles que Yamilé Ghebalou-Haraoui vient de sortir aux éditions Chihab. Après un recueil de poèmes intitulé Kawn, paru en 2005, cet auteur vient de commettre un livre de 11 petites histoires qui sentent la nostalgie, la désillusion, l'amour fané et la solitude. Un peu trop d'amertume enveloppée dans un voile de lucidité et de déprime. Et on aimerait bien savoir pourquoi. Ce recueil de nouvelles saisit en plein envol, les états d'âme de gens, d'hommes et femmes qui se remémorent leur passé truffé de couleur, de goût et de lumière. Grenade plante le décor des émotions de façon naturelle, vive et intense. Ce n'est pas surprenant que Grenade s'ouvre à chaque fois sur un des quatre éléments de la vie. L'eau, le feu, le vent, la terre, et l'arbre puis la mer. Lieu où vit tout être humain puis meurt et redevient poussière. Ce recueil qui se lit d'une traite vous prend à la gorge comme l'effluve d'un parfum suave qui vous attire dans son sillage. Il ne vous laisse pas indifférent. De ces pages émergent des souvenirs, des gestes, des odeurs et des cris. Cauchemars ou rêves, le temps ici aboli revêt tout son sens. Un paradoxe effrayant noyé dans un puits de mélancolie. L'on s'agrippe à une voix ou à un bruit. «Ces bruissements de voix et ces crissements de gestes, décrits au ralenti, cèdent aux cris et aux indignations véhémentes des victimes de Bab El Oued, des désenchantés des routes de la migration, comme des arbres qui pleurent leur luxuriance d'antan. Elégie et tragédie mêlant leur ton.» pouvons-nous lire, au dos de ce recueil de nouvelles à lire de préférence devant un feu de bois.