Le blocus imposé par Israël sur la bande de Ghaza depuis la prise de contrôle du Hamas en juin risque de porter à l'économie de ce territoire palestinien des «dommages irréparables», mettent en garde hier les Nations unies. Ce cri d'alarme intervient cinq jours après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait tiré la sonnette d'alarme sur la situation sanitaire dans la bande de Ghaza, une enclave pauvre de 362km2 où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, soit l'une des densités les plus fortes au monde. «L'isolement de la bande de Ghaza qui dure depuis six mois fait planer sur l'économie locale la menace d'un dommage irréparable et rend sa population encore plus tributaire de l'aide extérieure», s'alarme le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU. «Le bas niveau des stocks alimentaires, la hausse des prix, l'augmentation du chômage et la perte des revenus ont des effets dévastateurs», ajoute le rapport. Selon cet office de l'ONU, «si le bouclage n'est pas allégé, il faudra encore augmenter de façon substantielle les aides déjà fournies à 80% de la population» de la bande de Ghaza, une région en bordure de la Méditerranée, située au sud-ouest d'Israël et limitrophe de l'Egypte. Le rapport fait état de faillites de dizaines de petites sociétés dues principalement à l'effondrement du secteur de la construction, des projets d'un montant de 370 millions de dollars ayant été annulés. Le Centre palestinien de commerce (Paltrade), dont les chiffres servent de référence à la Banque mondiale, a indiqué fin octobre que «95% des projets de construction (à Ghaza) ont été interrompus en raison de l'absence de matériaux de construction». Les pertes du secteur industriel de Ghaza (meubles, vêtements, nourriture et produits de construction), dont la production est aux trois quarts destinée à l'exportation, vers Israël et la Cisjordanie, se sont élevées pour le seul mois de septembre à 110 millions de dollars, selon cette source. L'agriculture de la bande de Ghaza, autre secteur majeur pour l'emploi, pourrait perdre le produit destiné à l'exportation de toute une saison, soit 13 millions de dollars, toujours selon Paltrade. L'OMS s'est surtout inquiétée des restrictions imposées par Israël sur les fournitures de carburants qui affectent les hôpitaux, ainsi que les limitations d'accès aux soins en Israël pour les malades graves. Selon les chiffres de l'OMS, 23% des demandes de soins en Israël faites en octobre ont été refusées, contre 17% en septembre et 10% en juin.