Le verrouillage drastique des zones «infestées» a largement réduit les déplacements inter-zones des terroristes. Au vu de leur importance stratégique et géographique -proches des frontières tunisienne et libyenne-, les maquis des zones 6 et 7 ont, de tout temps, suscité l'intérêt du Gspc, désormais «Al Qaîda au pays du Maghreb islamique». Si au niveau de la zone 6, cette organisation a réussi à s'imposer avec plus d'une centaine de terroristes dont des étrangers, qui sévissent à Tébessa, Batna et El Oued, au niveau de la zone7, la situation est tout autre. Droukdel Abdelmalek alias Abou Mossaâb Abdelouadoud rencontre des difficultés à réunir sous sa bannière les irréductibles de cette zone, essentiellement mobilisés entre les maquis de Jijel et Skikda, et dont les activités s'étalent parfois jusqu'aux monts des Babors à Sétif. Dans le but d'organiser une rencontre avec les chefs terroristes de la zone7, le n°1 du Gspc avait envoyé un émissaire devant remettre une lettre aux terroristes les invitant à servir le Gspc. Ayant eu vent de ce rendez-vous, les services de sécurité les ont attirés dans un guet-apens. L'envoyé du Gspc et ses deux acolytes ont été abattus. La jonction entre les deux groupes n'a pu ainsi se faire. Dès lors, toutes les tentatives de récupérer les maquis de Jijel et Skikda ont échoué. Droukdel subira un niet des groupes terroristes terrés dans les maquis de la zone7. Ces derniers refusent, selon les informations en possession des services de sécurité, d'agir sous l'appellation d'«Al Qaîda» et de répondre à sa stratégie criminelle. Depuis l'opération de Seddat, durant l'été 2006, la région a connu une nette régression des attentats terroristes. Plus d'une cinquantaine de terroristes avaient été neutralisés lors de cette opération. Durant cette même année, plus de soixante autres terroristes avaient déposé les armes, dont essentiellement ceux de la katibet Erroub, avec à leur tête Abdelmadjid Broche, émir de cette phalange. C'est le GSL (Groupe des salafistes libres) qui prendra les commandes avec, selon des estimations, un peu plus d'une cinquantaine d'hommes, scindés en petits groupes de 5 à 6, très mobiles entre Jijel, Skikda, Guelma et Annaba. Leurs activités se limitent à des opérations de racket de nuit dans les douars les plus reculés. Il n'en demeure pas moins, selon les services de sécurité, qu'ils peuvent constituer une grande menace. Les attentats perpétrés au centre du pays pourraient réveiller leur mauvais génie. Raison pour laquelle les services de sécurité chargés de la lutte antiterroriste ont renforcé leur dispositif sécuritaire. Sur l'axe reliant Chegara (Mila) à El Milia par exemple, les barrages fixes de la Gendarmerie nationale opèrent des fouilles dans les bus de transport, alors que les barrages mobiles n'hésitent pas à intercepter tout véhicule suspect. Les opérations de ratissage sont régulièrement menées au niveau des maquis, connus pour leur dense végétation et leurs nombreuses caches. Le Gspc, qui compte une importante présence étrangère, est un instrument de l'islamisme international à la recherche de coups médiatiques, comme pour apporter une stratégie «corrective» à sa nouvelle appellation et tente, tant bien que mal, d'obtenir des succès face à la résistance déterminée du peuple et des forces de sécurité. Mais ces néo-Afghans suivent progressivement la voie des GIA. Les services de sécurité ont appris que plusieurs dizaines de Libyens seraient tentés de rejoindre les maquis du Gspc. On croit savoir qu'Abou El Leith Ellibi ayant fait récemment allégeance à Al Qaîda serait derrière ces tentatives. Devenu intermédiaire entre Al Qaîda des talibans en Afghanistan et Al Qaîda au Maghreb islamique, ce chef terroriste tente d'exploiter les frontières sud-est pour faire passer des recrues âgées entre 22 et 25 ans dans le but de les entraîner dans des camps de fortune implantés à l'est et au sud-est du pays. L'APS avait rapporté, au mois d'octobre dernier, que des réseaux de recrutement avaient réussi à récupérer plusieurs partisans pour le compte du Gspc. La présence de Libyens s'est confirmée après l'arrestation de trois d'entre eux à Boumerdès, le mois de mai dernier, alors que d'autres avaient été abattus dans des opérations de grande envergure à Tébessa. A ceux-là s'ajoutent 24 Tunisiens. Ces derniers devaient rejoindre les maquis du Gspc pour des entraînements en vue de rejoindre la résistance irakienne. Mais ils seront détournés, comme nous l'avons rappelé dans nos précédentes éditions, pour le compte du Gspc.