De nombreux terroristes du GSPC se sont transformés en informateurs des forces de sécurité dans l'espoir de bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation. Grâce à eux, de nombreux émirs de l'organisation terroriste ont été abattus ou arrêtés et plusieurs attentats avortés. Une situation qui a engendré une psychose dans les rangs de la direction. Un terroriste du nom de Djemaï Boualem, plus connu sous le pseudonyme de Houdaïfa, a été abattu, samedi en fin de journée, par les forces de sécurité alors qu'il était à bord d'un camion, sur la route d'Adekar, reliant Akfadou à El Kseur, wilaya de Béjaïa. L'opération a été menée grâce à un barrage mobile, sur information faisant état du déplacement du terroriste avec deux de ses proches compagnons vers le maquis. Selon des sources sécuritaires, Houdaïfa était considéré comme « un agent de liaison » entre la direction du GSPC et la phalange El Ansar, l'un des plus importants groupes du point de vue logistique (en fonds et en armement) activant dans la région. Ses deux acolytes ont été arrêtés par les services de sécurité. Les mêmes sources estiment que les forces de sécurité sont en train de porter de sévères coups au GSPC, notamment depuis l'été dernier et qui touchent essentiellement les « cadres » de cette organisation terroriste. La réussite de ces « frappes » est due principalement aux informations très importantes fournies de l'intérieur du GSPC par des terroristes. Cette « coopération » très fructueuse est une des conditions imposées par les services de sécurité pour faire bénéficier ces éventuels repentis des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ces mêmes « informateurs » dont le nombre, selon nos interlocuteurs, ne cesse d'augmenter ont permis de mettre en échec plusieurs attentats terroristes, dont des opérations kamikazes préparées par la direction du GSPC, pour être exécutées durant le mois de Ramadhan passé. Informations qui ont également permis l'arrestation, il y a quelques mois, de trois Libyens qui venaient juste d'arriver de leur pays pour rejoindre le maquis du GSPC ou de ce qui est appelé Al Qaïda pour le Maghreb islamique. Cette opération a mis un terme à toutes les expéditions des terroristes libyens vers l'Algérie et peut-être même au changement de destination. En effet, il y a deux semaines, le numéro 2 d'Al Qaïda, Aymen Zawahiri, a annoncé le ralliement du groupe salafiste libyen au mouvement islamiste de Waziristan, région frontalière entre le Pakistan et l'Afghanistan, devenue le nouveau bastion d'Al Qaïda. Pour nos sources, cette déclaration n'a qu'une seule explication, celle d'un retrait de confiance à la direction du GSPC, et à sa tête Droukdel, alors qu'il y a quelques années, il était présenté par Al Qaïda comme étant le représentant de Ben Laden au Maghreb, mais également dans les pays du Sahel. Nos interlocuteurs affirment par ailleurs que ces derniers temps, Droukdel recourt souvent aux réseaux de soutien pour mener des attentats, notamment en dehors des zones urbaines, et souvent sans impact médiatique. Ceci, ajoute-t-on, s'explique par les nombreuses pertes qui ont saigné les rangs de la direction du GSPC, notamment parmi les « stratèges » de l'organisation terroriste qui étaient derrière les attentats suicide et les attaques contre les convois des forces de sécurité. La dernière perte a été celle du porte-parole du GSPC, Salah Gasmi, connu sous le pseudonyme de Abou Mohamed Salah, intervenue quelques jours seulement après la reddition de son adjoint, Abou Abderrahmane, qui était le contact entre le groupe et la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, à travers internet. Pour nos sources, la direction du GSPC craint énormément ces repentis qui préfèrent rester dans les rangs de l'organisation pour alimenter les services de sécurité en informations sur les activités des plus importantes phalanges, dans le but de bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Pour faire face à cette nouvelle donne, juste après l'élimination de l'émir de la zone 2 et conseiller militaire de Droukdel, Zoheir Harrague, connu sous le pseudonyme de Sofiane Abou Haïdara, ou Sofiane Fassila, les responsables du GSPC ont pris la décision d'interdire à leurs troupes l'utilisation des téléphones portables sauf en présence des émirs ou de ceux qui les remplacent. De même qu'ils ont renforcé le nombre de mines antipersonnel (engins explosifs artisanaux), tout autour des campements non pas contre les forces de sécurité, mais surtout pour mieux encadrer les troupes et éviter ainsi tout mouvement de désertion. Une mesure prise notamment après l'élimination de Ali Eddis, Al'achâchi, Sofiane Fassila mais aussi l'arrestation de nombreux autres chefs comme Samir Mossaâb en un temps très court. Les « repentis informateurs » font partie d'un groupe de terroristes qui s'oppose à la stratégie basée sur les opérations kamikazes, les assassinats de civils, menée par la direction du GSPC, notamment depuis son allégeance à Al Qaïda. Miné de l'intérieur, le GSPC semble aujourd'hui traverser une rude épreuve, où même ses phalanges au sud du pays, qui l'approvisionnaient en armement et logistique font face à une « grave crise de leadership », surtout depuis la reddition de Mossaâb Abou Daoud, émir de la zone 9 qui englobe le Sahara et la région du Sahel. Le gel des activités terroristes par Mokhtar Belmokhtar et l'autoproclamation de Abou Zeid, homme de confiance de Droukdel, chef de cette région, ont quelque peu déstabilisé le groupe qui n'arrive plus à avoir le contrôle du terrain. Les tirs d'armes à feu sur l'aéroport de Djanet, durant la nuit de mercredi à jeudi, causant quelques dégâts à un avion civil en stationnement, montrent si besoin est que le GSPC est en pleine phase de déclin, même si ses capacités de nuisance restent pour l'instant encore importantes.