Le pays vient de plonger encore dans une nouvelle et énième crise du lait. Le lait constitue un des principaux produits de consommation en Algérie, avec le pain, la semoule, le café, le thé et le sucre. Il occupe une place prépondérante dans la ration alimentaire de chacun. Il apporte la plus grosse part de protéines d'origine animale, loin devant la viande et les oeufs. C'est dire combien la régulation de ce marché est importante pour la population algérienne qui a du mal à remplir convenablement son couffin quotidien. En Algérie, un des plus importants importateurs de lait au niveau mondial, le citoyen consomme un peu plus de 115 litres/an/habitant, devançant le Tunisien 85 l et le Marocain 65 l, mais loin derrière l'Européen qui consomme plus de 300 l/an. Or, le pays vient de plonger encore dans une nouvelle et énième crise du lait avec la menace de grève des industriels de ce produit hautement stratégique, et ce malgré la hausse des quantités de lait en poudre transformées, annoncée il y a quelques jours par Colaital, la plus grande filiale de Giplait. Ainsi, les producteurs privés de lait, regroupés au sein de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), menacent grève et déclarent ne plus pouvoir produire de lait subventionné. Cet aveu s'explique, selon eux, par les difficultés qu'ils rencontrent: rupture aiguë de stocks, endettements commercial et bancaire, baisse de confiance des fournisseurs locaux et étrangers...Réunis au siège de la Cipa, les délégués régionaux de la confédération ont dénoncé «encore une fois» depuis le début de l'année, l'insuffisance du niveau de la subvention, le retard (4 mois) dans son règlement, la rupture des stocks de poudre de lait et la défaillance de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) dans la livraison de cette matière première. Selon la Cipa, la subvention accordée par l'Etat ne représente que la moitié du différentiel entre le coût réel de production et le prix de vente de 25DA le litre. Ce que réclament les producteurs, c'est l'alignement du prix de vente public sur les coûts réels à l'international qui ne cessent de grimper. L'autre alternative serait un relèvement de la subvention de l'Etat à hauteur des charges supplémentaires. La décision de mai dernier de subventionner le lait à hauteur de 15DA/litre avec effet rétroactif se trouve «insuffisante» au fur et à mesure que les prix de la poudre de lait importée (en totalité) augmentent sur les marchés internationaux. Pour aider à apaiser le marché, les pouvoirs publics ont créé, dans le même sillage, l'Onil pour réguler et organiser la filière tout en approvisionnant les producteurs-transformateurs. L'Algérie avait lancé un appel d'offres international pour l'importation d'urgence de 20.000 tonnes de lait afin de juguler la crise et combler le déficit. Sur le marché international, les cours de la poudre de lait oscillent entre 2300 et 3000 dollars. Cette hausse se conjugue au recul de la production laitière en Europe et en Océanie et à la forte demande de la Chine, l'Inde, le Mexique et la Russie...