Magiques et beaux sont les jours de fête. En dépit de la cherté de la vie, les choses sont allées bon train le jour de l'Aïd. Tout semblait s'éclipser en une journée. Les plaintes relatives à la flambée des prix du mouton et produits de large consommation sont renvoyées, pour un jour, aux calendes grecques. Le sacrifice de l'«Aïd El Adha» a accaparé tous les esprits. Le malheur cède la place au bonheur et à la joie. Il a fait beau ce jour-là, et Bouira s'est montrée plus que jamais cérémoniale. L'ambiance a commencé très tôt. Mercredi dès l'aube, les fidèles ont quitté leurs demeures pour accomplir la prière de l'Aïd. Hommes et femmes, habillés en blanc et l'air solennel, se dirigeaient vers la mosquée du village. Un devoir accompli dans la dévotion. Le froid matinal régnait. La quasi-totalité des mosquées sont pleines. Ce qui a obligé les retardataires à effectuer leur prière en plein air. Faute d'espace. Une fois le devoir accompli, les lieux se vident. Place à la fête. Les pères de famille se dépêchent pour effectuer la dernière partie du rite: «Le sacrifice de mouton». Une ambiance inégalée s'est emparée de tous les foyers. Le sacrifice a eu lieu dans une kermesse typiquement familiale où l'entraide primait. Entre-temps, larmes et joie des enfants s'entremêlent. Les ruelles sont désertées. Dans tous les villages, la fête est au rendez-vous et les habitants des différents quartiers s'organisent en petits groupes. Le sacrifice du mouton est confié généralement au plus âgé ou à une personne pieuse. Religion et tradition obligent. C'est ainsi que les familles passent leur première journée de l'Aïd El Adha. Le lendemain, la fête continue autrement. Les gens, sur leur trente et un, rendent visite à leurs proches. C'est la ruée. Les petits enfants, comblés de bonheur, sillonnent toutes les ruelles. Les arrêts de bus grouillent de monde, qui pour partir en voyage, qui pour voir un ami ou un membre de la famille. Les morts ne sont pas oubliés. Le recueillement dans les cimetières est un passage obligé. Les hôpitaux sont envahis. Il faut bien remonter le moral aux malades. Seul le geste compte. Les amoureux de la nature se rendent à Tikjda. La neige couvre toujours le sommet du Djurdjura. L'air frais ouvre l'appétit en attendant de se retrouver le soir autour d'une table garnie de méchoui.