«Les attentats du 11 septembre sont une ‘‘trahison et une perfidie'', et Al Zawahiri est un charlatan». L'ex-numéro2 de l'organisation criminelle Al Qaîda, Sayyed Imam Al Sharif, provoque un séisme dans la maison d'Oussama Ben Laden. Considéré comme le prédécesseur d'Al Zawahiri, Sayyed Imam Al Sharif semble opter pour une repentance irrévocable après avoir publié le très attendu Wathiqat tarshid Al-Aml Al-jihadi Fi Misr Wa Al Alam (guide du djihad en Egypte et dans le monde). L'ex-compagnon d'Ayman Al Zawahiri a appelé, dans son guide écrit depuis une prison égyptienne où il purge une peine à perpétuité, à mettre un terme au djihad en Occident et contre les régimes des pays musulmans. Sayyed Imam Al Sharif, appelé aussi Abdelkader Ben Abdelaziz, pourtant considéré comme l'un des islamistes les plus radicaux, a estimé aussi que le 11 septembre «était une faute». Et dire que Sayyed Imam Al Sharif, le premier Imam de la nébuleuse Al Qaîda, était, en quelque sorte, le déclencheur de l'étincelle du djihad à travers son livre sur les lois du djihad intitulé Al-Umda Fi Idad Al-Udda (les bases de la préparation au djihad), de 1988. Lequel ouvrage a servi, dans les camps d'entraînement d'Al Qaîda en Afghanistan, de manuel du djihad. L'ex-mufti de l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden aurait donc pu éviter le chaos pendant les premiers temps d'Al Qaîda. Mais voilà qu'après une mise à feu de l'Orient et plusieurs autres capitales arabes et occidentales, le mufti se ressaisit et prêche l'arrêt des opérations terroristes. Il est tout de même vrai, à en croire certains observateurs, que le prêche de Sayyed Imam Al Sharif constitue une véritable bombe jetée dans l'enceinte d'Al Qaîda, en appelant à la cessation de ce qu'on avait tendance à appeler «la lutte armée». D'autant que le nouveau livre de Sayyed Imam Al Sharif, l'un des fondateurs de l'organisation islamique égyptienne, a été signé par la majorité des «guides» et des membres de l'organisation du djihad dans les prisons égyptiennes. Plusieurs «repentis» des organisations terroristes considérées comme étant des branches d'Al Qaîda, à l'instar d'Al Gamaa Al Islamiya, ont exprimé l'espoir que les révélations et les prêches figurant dans le guide de Sayyed Imam Al Sharif entraîneront un séisme au sein d'Al Qaîda, une scission de cette organisation ou encore un affaiblissement de ses réseaux de soutien. Al Gamaa Al Islamiya (organisation islamique égyptienne) avait déjà engagé son propre processus de ce qu'elle appelle «correction idéologique». C'est-à-dire que toutes les précédentes croyances de cette organisation et de ses membres ont été globalement revues et corrigées, allant jusqu'à faire des prêches, voire même éditer des pamphlets contre l'organisation criminelle d'Oussama Ben Laden. A citer surtout The Al-Gama'a Al-Islamiyya Cessation of Violence (Organisation islamique, cessation de la violence). C'est dire qu'Al Qaîda fait désormais face à de véritables bouleversements en son sein et une faiblesse de plus en plus réelle de ses réseaux de soutien et de recrutement, prétendent plusieurs analystes et observateurs. Dans une récente interview accordée au quotidien londonien Al-Hayat, Sayyed Imam Al Sharif évoque longuement les attentats du 11 septembre, sa relation avec Al-Zawahiri, le n°2 d'Al Qaîda et l'émergence de cette organisation. Il qualifie ces attentats de «trahison et de perfidie et Al-Zawahiri de charlatan enclin à trahir ses amis», affirme que Ben Laden «n'a jamais reçu de véritable instruction religieuse et qu'Al Qaîda ne se fonde pas sur la chariâ et manque d'une véritable autorité morale». Et voilà donc de quoi «bombarder» l'organisation criminelle de Ben Laden. Celle-ci continue à s'appuyer sur des réseaux dits branches d'Al Qaîda, dont le ralliement n'est que virtuel et loin d'être chose concrète, mais qui semble arranger les deux parties. Autrement dit, la stratégie de ralliement, seule bouffée d'oxygène qui alimente encore le coeur d'Al Qaîda, sert, ni plus ni moins, d'opération de médiatisation et de récupération, par l'organisation de Ben Laden, des dernières cellules terroristes qui activent encore. D'où la nécessité de couper ce cordon virtuel qui relie les autres petites cellules terroristes et Al Qaîda. Et c'est au sein de ces mêmes cellules qu'ont commencé la fracture et la «désobéissance». Le noyau d'Al Qaîda semble fragilisé.