Il faut encore et toujours attendre que les engagements et les promesses des pouvoirs publics se concrétisent et soient respectés! «En l'espace de six jours seulement, le prix de la poudre de lait a augmenté. Je l'ai acheté, hier, à 240DA, au lieu de 220DA la semaine dernière», explique une sexagénaire. En effet, l'Algérien se réveille chaque jour en apprenant l'annonce d'éventuelles augmentations des prix des produits de base. Le consommateur est ainsi pris dans un tourbillon qui le dépasse. Excepté les prix du pain, du lait et du carburant, subventionnés, les autres produits sont soumis aux variations des cours internationaux mais aussi à la spéculation interne qui joue un rôle important dans l'envolée des prix constatée ces derniers mois. Déjà les prix du sucre, de l'huile, de la farine, de la semoule, du café, du lait en poudre ont connu une hausse vertigineuse. Ceux des fruits et légumes, notamment la courgette, ont aussi augmenté sans raison. La tension sociale est aussi à la hausse, à l'image de cette course folle des prix des produits de large consommation. Même si les salaires des travailleurs ont connu une évolution de quelque 60%, il n'en demeure pas moins que le pouvoir d'achat des ménages reste très faible. Le gouvernement a décidé de prendre une batterie de mesures en vue de faire baisser les prix. Des organismes et des structures de régulation des prix sur le marché local ont été créés. Or, sur le terrain, il n'y a pas de répondant, les structures d'application faisant semble-t-il défaut. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub avait, lors de ses différentes sorties médiatiques, reconnu l'impuissance de son département à réguler le marché. Pour rappel, il avait proposé la subvention de l'Etat au prix de la semoule qui a doublé, pour diverses raisons, sur le marché international. Mais il faut attendre que ces engagements et promesses soient respectés! L'Algérie, malheureusement, dépendante de l'importation, est prisonnière de la loi dictée par les fluctuations des prix. Car, sur les 24 millions de quintaux de semoule que les Algériens consomment chaque année, 70% parviennent de l'étranger. Et en l'absence de mécanismes de régulation, les commerçants trouvent le champ libre pour «gonfler» les prix à leur guise. Certes, la libération des prix ne justifie pas cette «anarchie» qui affaiblit encore plus le pouvoir d'achat du citoyen. La stabilité sociale tant recherchée est mise à mal. La misère est la source de la majorité des maux qui rongent notre société. La jeunesse algérienne est en proie au désespoir. En témoignent le phénomène harraga, la drogue, la déperdition scolaire, la prostitution et la délinquance. Le chômage persiste. On n'arrive pas à expliquer cette situation, malgré la bonne santé financière de notre pays. Parallèlement, les conflits sociaux dans différents secteurs d'activités persistent. D'ailleurs, un mouvement de protestation de grande ampleur a été décidé par 12 syndicats autonomes. Il touchera les secteurs de la santé, de l'éducation et de l'enseignement supérieur. La date et la nature de la protestation ne sont pas encore fixées. La coordination des 12 syndicats autonomes tiendra, demain, une réunion pour arrêter justement la forme que prendra cette contestation. La coordination est constituée du Cnes, du Sncp, du Snpdsm, du Snmam, de l'Unpef, du Snapest, du Snte, du Snpsp, du Snvpaf, du Snpssp, du Snapap et du Satef. Le Dr Lyès Merabet, secrétaire général du Snpsp, évoque le retard enregistré dans l'élaboration des statuts particuliers dans différents secteurs. Il parle également de la dégradation «flagrante» du pouvoir d'achat. Même son de cloche au Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), qui soutient que les choses s'aggravent car «la sauvegarde du pouvoir d'achat ne passe pas obligatoirement par l'augmentation des salaires. Nous devons prendre position sur ce plan et agir ensemble». Le Snapap estime que le Snmg doit dépasser les 32.000 dinars pour que l'Algérien puisse subvenir à ses besoins. Ainsi, tous les ingrédients d'une explosion sociale sont aujourd'hui réunis.