Pour s'en rendre compte, il suffit de jeter les yeux sur l'état de certaines routes au niveau du chef-lieu ou des zones rurales. «Le Code des marchés et les circulaires d'applications doivent être revus et corrigés», a estimé récemment le patron de la Confédération algérienne du patronat (CAP) de Béjaïa. M.Djamel Azoug. Un constat qui s'inspire de la réalité du terrain, faite d'une «multitude de problèmes que rencontrent les opérateurs», a-t-il ajouté. De la soumission à l'attribution des marchés, les difficultés se suivent au point de décourager le plus téméraire des soumissionnaires. D'abord, l'étape de soumission qui comprend un barème variant d'un projet à un autre sans raison apparente même si, au fond, l'objectif est connu de tous. «Du sur mesure pour certaines entreprises», suspectent certains. A ce titre, la CAP, par la voix de son président, demande «une unification par catégorie de projet et par secteur». Puis viennent les délais d'approbation «trop longs», les difficultés de financement, la lenteur du circuit de financement, handicapant l'ensemble des opérateurs. Et face à un problème de dépassement d'enveloppe, la situation se complique davantage. «Il suffit d'un dépassement de quantité par article pour se voir obligé de refaire tout le parcours», a souligné le patron de la CAP. Et si par malchance, le même opérateur dépasse l'enveloppe allouée -et c'est généralement le cas car souvent les marchés sont sous-évalués-, un problème d'avenant survient de suite obligeant le concerné à recourir à une démarche administrative effectuée déjà par deux fois. Cela en plus des formules de révision des indices de prix qui sortent 2 à 3 ans après, sans pour autant refléter la réalité des variations des prix. C'est là toutes les difficultés bloquant l'activité des bâtisseurs. Les attributions de marchés se font généralement par la voie d'appels d'offres. L'administration chargée de lancer des avis d'appels d'offres, à travers la publication de placards publicitaires, se montre intransigeante pour accorder le marché aux entreprises qui en assureront l'exécution, en proposant un prix qui ne doit pas dépasser certaines prévisions budgétaires. Des marchés sous-évalués au détriment de la qualité de réalisation, mais lorsque le soumissionnaire fait des siennes pour prendre le marché, le comble est atteint. Conséquence, des réalisations à peine réceptionnées replongent dans un état de délabrement qui suscite colère et interrogations parmi, notamment les usagers. Aux difficultés énumérées plus haut, et que tous les opérateurs sans exception rencontrent, s'ajoute la non-qualification de certaines entreprises engagées pour la réalisation de ces travaux, comme en témoigne leur travail. Pour s'en rendre compte, il suffit de jeter les yeux sur l'état de certaines routes au niveau du chef-lieu ou des zones rurales. Pas besoin d'être un spécialiste pour se rendre compte que le travail a été bâclé. Lors des soumissions, ces entreprises baissent à outrance leurs prix, l'essentiel étant de décrocher le marché. Si le Code des marchés implique d'énormes difficultés pour les entrepreneurs, il reste que la manière d'agir de certaines entreprises inquiète fortement. Ayant acquis le marché au plus bas prix, l'opérateur s'adonne aux calculs de bout de chandelle afin de récupérer le manque à gagner. La qualité des matériaux et leur calibrage ne sont souvent pas respectés. Par souci d'économie et de respect des délais accordés par l'administration, le bâclage du travail reste le maître mot. L'échangeur de Oued Ghir est un exemple de réalisation peu scrupuleuse. Conséquemment, des contrôles sont effectués suite à l'apparition de certaines fissurations. Dans les zones rurales, la réfection des axes routiers est un autre facteur qui illustre cet état de fait. A peine refaites, ces routes montrent déjà des signes de faiblesse. Et ce ne sont certainement pas les citoyens qui empruntent ces chemins communaux refaits tous les deux ou trois ans, qui vont nous contredire.