Cette hypothèse, que certains estiment vraisemblable, est justifiée par les décisions prises par le chef de l'Etat, le 12 mars dernier. L'incertitude qui plane sur la tenue des législatives dans les délais, pour cause de situation exceptionnelle en Kabylie, impose aux décideurs une gymnastique politique pour convaincre certains partis récalcitrants à réviser leurs positions par rapport au scrutin et, partant, redresser une situation qui semble de plus en plus en défaveur du pouvoir. Ce dernier, appuyé par les deux partis (RND, FLN) qui en font l'essentiel de l'ossature, donne des signes d'une grande volonté de respecter, coûte que coûte, le prochain rendez-vous électoral. Aussi, est-il obligé de faire des propositions intermédiaires à la classe politique nationale. Parmi les différents scénarios susceptibles d'être avancés par la présidence de la République, certains observateurs n'écartent pas la possibilité de voir le pouvoir proposer des législatives sans la Kabylie, dans un premier temps, pour en organiser des partielles spécifiques à cette région, une fois les choses normalisées dans cette région du pays. Une normalisation qui serait synonyme d'un retour définitif au calme, après près d'une année de troubles qui ont fini par rendre inopérante toute action politique d'envergure dans cette partie du territoire national. Cette hypothèse, que certains estiment vraisemblable, est justifiée par les décisions prises par le chef de l'Etat, le 12 mars dernier. La constitutionnalisation de tamazight, la délocalisation de nombreuses brigades de gendarmerie et la reprise en main par les forces de l'ordre de la situation en Kabylie, à travers les arrestations opérées dans les rangs des émeutiers et des animateurs du mouvement des ârchs, sont autant de mesures qui peuvent amener à une normalisation progressive de la situation en Kabylie à plus ou moins moyens termes. En fait, les mêmes observateurs semblent miser sur une mutation du mouvement, de sa version radicale, à une vision plus sereine de l'enjeu, poussé en cela par une population fatiguée, après une année d'une situation exceptionnelle. Cela pour dire que dans les jours qui viennent, il sera difficile aux tout nouveaux délégués des ârchs de mobiliser la population et plus encore d'exercer une quelconque pression sur le pouvoir à travers les violents affrontements avec une représentation locale de l'Etat. Les motifs d'un embrasement sont écartés du fait de la délocalisation de la gendarmerie, de la reconnaissance de tamazight et de la mise hors circuit d'une bonne partie des émeutiers. Cet état de fait obligerait les ârchs à adopter une démarche politique autre que celle constatée jusqu'à aujourd'hui. L'évolution du discours pourrait amener le mouvement citoyen à présenter des listes électorales sous l'étiquette d'indépendant dans le cadre de législatives partielles pour défendre les intérêts de la région. Cette thèse n'est pas à écarter au cas où la base ferait pression pour sortir de la spirale de la violence sans tomber dans le piège de l'autonomie, le refus de la solution proposée par Ferhat M'henni étant quasi unanime en Kabylie. Cependant, il est clair que le grand perdant dans l'affaire, si le scénario venait à être mis à exécution, serait le FFS. Le parti d'Aït Ahmed trouverait dans les ârchs un adversaire politique inattendu. D'où une très probable réaction négative, à une pareille proposition, de la part du FFS. En tout état de cause, il devient urgent, pour le pouvoir, de trouver une solution idoine au problème des législatives, s'il veut les tenir dans les délais.