Les uns formulent des hypothèses, d'autres avancent des noms mais au total, c'est le flou qui prédomine. C'est le flou. Le gouvernement est en stand-by. La nomination d'un gouvernement intérimaire restreint chargé d'expédier les affaires courantes suscite encore des réactions. La rue s'interroge. Les partis politiques se concertent. A chacun sa lecture. «C'est une situation normale» pour les uns, et «c'est inquiétant» pour d'autres. Au sein de l'Alliance présidentielle «tout va bien» bien sûr. Le FLN estime, par le biais de son porte-parole, Saïd Bouhadja, que «c'est une affaire courante» qui ne nécessite «aucune interrogation». Pour ce député de Skikda, le chef de l'Etat «a désigné des ministres par intérim jusqu'à la formation du prochain gouvernement». M.Bouhadja précise que les affaires du pays «sont prises en charge» et l'application du programme du président de la République «se poursuit le plus normalement du monde». Sur le même ton et avec le même langage, le MSP constate que «c'est juste» une simple «période de transition». Abderrahmane Saïdi, vice-président du parti, a indiqué que «le président de la République a toute les prérogatives pour procéder à des changements» au niveau des institutions de l'Etat. D'après lui, «c'est un simple vide qu'on doit remplir». Et de continuer à justifier le fait que, selon lui, les choses avancent d'une belle manière. La formation de l'alliance, le RND, s'est interrogée «Pourquoi la nomination d'un gouvernement restreint suscite tant de polémiques?» D'après Miloud Chorfi, président du groupe parlementaire du parti, l'installation d'un cabinet chargé d'assurer la gestion des affaires de l'Etat s'est imposé, après la démission du gouvernement. Ainsi, l'alliance juge qu'après la validation par la commission de l'APN des mandats des députés, on doit éviter le cumul de fonctions. Hors de l'alliance, les choses sont vues autrement. Au niveau du RCD de Saïd Sadi, le pouvoir va «d'une défaillance à une autre». M.Belabbès Mohcen, chargé de la communication du parti, a rappelé «les infractions» commises depuis les dernières législatives. «Ce n'est pas nouveau et rien n'est surprenant. Il y a d‘abord le report de la validation des mandats. Ensuite, la non-démission du gouvernement. On a assisté également à une grave infraction qui est le cumul de fonctions», a-t-il indiqué. Pis, le RCD s'est interrogé «comment l'Algérie accueille-t-elle des chefs d'Etat avec un gouvernement restreint?» M.Belabbès déclare, en outre, qu'on traverse une période très sensible, vu le calendrier chargé du président de la République. M.Taâzibt, du Parti des travailleurs, porte un autre regard sur cette question. «L'important ce n'est pas les têtes qui partent et celles qui arrivent, mais c'est la politique qu'on va mener», a-t-il déclaré. Cette situation va t-elle durer dans le temps? «On ne sait absolument rien», résume la majorité des personnes sus-citées. Autrement dit, la prochaine formation du nouveau gouvernement relève plus de la stratégie que d'une affaire de politique générale, d'autant que seul le président détient le fin mot de l'affaire estiment les représentants des partis politiques. Par ailleurs, les ministres qui assurent l'intérim ne soufflent aucun mot sur le prochain gouvernement. Dans une déclaration à L'Expression, un ministre très proche du président, a assuré, sous couvert de l'anonymat,: «Je vous confirme que seul le chef de l'Etat a en tête les noms des partants et des arrivants.» Un autre ministre confie: «Ca ne sert à rien de vous casser trop la tête. La dernière décision vous la saurez de la part du président». OK, c'est bon. Y aura-t-il un changement à la tête de l'Exécutif? «Il n'y a que vous, les journalistes, qui pouvez faire des lectures à votre guise!» répond le même ministre. Idem pour les partis politiques. «Le changement de chef du gouvernement relève des prérogatives du président de la République. On ne peut rien avancer sur cette question», répondent d'une seule voix les partis de l'alliance. Voilà pourquoi le brouillard plane toujours sur le Palais du gouvernement. Les uns avancent des hypothèses, d'autres annoncent des noms mais le flou prédomine. Ce qui est sûr, toutefois, face au refus du PT et du RCD d'adhérer à la prochaine coalition gouvernementale, ce sont les formations de l'alliance qui partageront les portefeuilles de l'Exécutif. On prend les mêmes et on recommence?