Bourré d'une centaine de kilos d'explosifs, le véhicule qui a servi à cet attentat est immatriculé à Bouira. Le kamikaze serait âgé d'une trentaine d'années. Cet acte barbare n'a toujours pas été revendiqué mais porte la signature d'Al Qaîda. Il était 8h20, à notre arrivée à la ville de Naciria, à 40km à l'est de Boumerdès, en ce deuxième jour de l'année 2008. Là, une foule impressionnante ceinturait le rond-point de l'Aâziv, où est situé le commissariat de police qui a été la cible d'un attentat kamikaze, à 6h45, selon des sources concordantes et des témoins rencontrés sur les lieux. Le véhicule qui a servi à cet acte barbare était immatriculé à Bouira, probablement volé et bourré d'une centaine de kilos d'explosifs. L'auteur de l'attentat serait âgé d'une trentaine d'années environ, selon un témoin oculaire. «J'étais juste derrière ce maudit véhicule qui a emprunté la route venant des hauteurs de Naciria ou le massif de Sidi Ali Bounab», témoigne-t-il aux services de sécurité, avant d'ajouter: «Mon véhicule a aussi été touché de plein fouet par le souffle de l'explosion.» Ainsi, une atmosphère apocalyptique y régnait hier. Selon un bilan officiel, l'attentat a fait 4 morts et une vingtaine de blessés, dont 4 dans un état grave, mais quelques sources concordantes parlent de 6 morts et 25 blessés. Parmi les blessés graves, un enfant de 10 ans et une vieille femme, ont été évacués vers l'hôpital de Bordj Menaïel. Le véhicule qui s'est lancé à toute allure sur le commissariat est réduit à un tas de ferraille calcinée. Les rideaux des commerces avoisinants sont défoncés et les vitres ont volé en éclats, dont les débris sont visibles jusqu'à 500m des lieux de l'attentat. S'y ajoutent divers objets hétéroclites de l'éclairage public, fraîchement installé, dit-on. Selon des témoignages recueillis, des morceaux de cadavres et des lambeaux de chair humaine ont été retrouvés çà et là, quelques minutes après l'explosion. On parle de quatre cadavres déchiquetés, extirpés des décombres après l'attentat. Trois logements à proximité du commissariat et une bâtisse abritant une cafétéria au rez-de-chaussée ont visiblement été les plus touchés par la déflagration. Les murs de la cafétéria se sont effondrés, tandis qu'il ne reste plus rien des murs de façade du logement supérieur, occupé par une famille. Alors que le premier drame n'a pas encore livré ses secrets, une autre explosion secoue la région. En effet, un deuxième attentat a été perpétré une heure plus tard sur la route menant de Timezrit aux Issers. Une bombe a explosé au passage du véhicule du chef des patriotes de la région faisant un trou béant sur la chaussée. Enfin, l'attentat de Naciria serait commandité par le sinistre Ali Ben Touati, le nouvel émir de la katibat al ansar. L'incompréhension et l'étonnement se lisent sur tous les visages. Les traits tirés, les yeux tristes, un homme d'une cinquantaine d'années nous avouera n'avoir pas vu depuis 1995 un attentat pareil à Naciria et là encore, pas de cette ampleur. En effet, la désolation est partout. Le décor est hideux, les façades du rez-de-chaussée et celles des deux étages supérieurs ne sont plus qu'un tas de gravats sur le sol. Et quelques véhicules de la police sont sérieusement endommagés. L'Aâziv se souviendra sûrement, et pour longtemps, de cet horrible attentat qui a secoué toute la ville et arraché de leur sommeil tous les habitants en ce début de matinée. Tous les services de sécurité se sont déplacés sur les lieux du drame aussitôt après l'explosion. Les ambulances de la Protection civile, celles de l'hôpital de la commune, et d'autres appartenant aux services de sécurité n'ont cessé de faire le va-et-vient pendant près d'une heure. A l'heure où nous mettons sous presse, les engins des services de la voirie s'affairent au nettoyage des lieux. En fait, une demi-heure après l'attentat, le siège du commissariat est habillé d'une bâche bleue et tout le périmètre est mis sous scellés, tandis que la presse est tenue à distance par les policiers. L'attentat n'a pas été revendiqué, mais il porte bien la signature d'Al Qaîda.