L'engagement renouvelé, jeudi dernier, du ministre de l'Intérieur à fermer prochainement l'ensemble des camps de toile de Boumerdès fait craindre le pire aux sinistrés. Yazid Zerhouni a, en effet, promis d'éradiquer ces sites d'hébergement avant le 24 décembre du mois en cours et de placer les familles dans des chalets. Outre l'obligation dictée par le gouvernement Ouyahia de satisfaire les besoins des sinistrés, en matière de relogement provisoire, le ministre n'a, hélas, apporté aucune réponse sur la question des commodités qui devraient accompagner toute implantation des préfabriqués. Au niveau des sites de chalets aménagés pour l'accueil des sinistrés, en particulier ceux de La Sablière et du Figuier, qui sont situés à quelques kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, beaucoup de travail reste à faire. Des entrepreneurs et des ouvriers rencontrés sur les lieux n'ont pas caché leur surprise à la suite des déclarations de M. Zerhouni. “On nous a préparés à l'idée de terminer le gros du travail d'ici à la fin de l'année. Mais de là à avancer une échéance plus proche, je dis que ce n'est pas réaliste”, a confessé un des ouvriers de La Sablière, en nous montrant le chantier. Le même scepticisme a été remarqué chez des gendarmes affectés depuis plusieurs mois dans les nouveaux sites. Mais ce sont surtout les sinistrés qui ont exprimé le plus leur inquiétude, après les affirmations du ministre de l'Intérieur, y compris ceux déjà installés dans des chalets. “Zerhouni et les autres veulent se débarrasser du dossier des sinistrés, qu'ils soient classés au rouge ou à l'orange. Ils vont nous livrer des baraques inachevées et personne ne cherchera à vérifier ou à nous protéger”, a estimé une des locataires du camp de toile du stade de la cité des 1200-Logements. Selon elle, les sites de Boumerdès, qui accueillent les chalets, sont encore dépourvus d'eau potable et de viabilisation permettant notamment l'évacuation des eaux usées. Une autre mère de famille, habitant depuis près d'un mois dans un préfabriqué au Figuier, s'est plainte de la présence de fuites d'eau et de l'“énorme” problème du transport, ainsi que de l'absence du gaz de ville et des nombreux défauts enregistrés au niveau des chalets du site. “Il n'y a même pas de clôture entre les voisins ni de mur de séparation avec la route”, a-t-elle ajouté, en notant plus loin que le nouveau système des cartes, introduit par la société nationale d'électricité, la Sonelgaz, “nous revient très cher”. Par ailleurs, d'autres sinistrés que nous avons joints ont beaucoup insisté sur le fait que la surface et la qualité des chalets diffèrent d'un endroit à un autre, en remarquant que les bungalows “ne procurent pas les mêmes commodités”. Derrière cette difficulté, se cache, en fait, la problématique de la provenance des chalets, les uns construits par des entreprises nationales, les autres importés ou offerts par des gouvernements étrangers. Une contrainte qui poussera d'ailleurs bon nombre de sinistrés à parler de “hogra” et surtout à craindre d'être abandonnés à leur sort, une fois placés dans des préfabriqués. “Je veux bien croire le ministre de l'Intérieur, lorsqu'il dit que nous serons tous installés dans des chalets, mais j'aimerais bien savoir s'il s'est déplacé sur les sites”, a soutenu un sinistré de l'oued Tatareg, en doutant que Yazid Zerhouni “a une idée précise de l'état d'avancement des travaux”. Ce citoyen, dont l'immeuble s'est effondré le jour du séisme, a également fait part d'autre crainte : celle de “sortir de la tente pour habiter durant plusieurs années dans un chalet”. H. A.