Si cette idée se concrétise, l'université publique sera soumise à un cahier des charges identique à celui de l'université privée. Longtemps confondue avec l'ouverture au secteur privé, la privatisation de l'université algérienne occupe toujours le devant de l'actualité. C'est autour de ce sujet-phare que s'est exprimé, hier, Tahar Hadjar, recteur de l'université d'Alger, lors de son passage sur les ondes de la chaîne El Bahdja de la Radio nationale. Défendant bec et ongles le bon déroulement des études à l'université publique, le recteur de l'université d'Alger a, néanmoins, soutenu l'idée de la privatisation de l'université. «Je ne suis pas contre la privatisation de l'université», a affirmé le premier responsable de l'université algéroise. Pour M.Hadjar, la privatisation des oeuvres sociales, à titre d'exemple, ne pourra être que bénéfique. «Une fois privatisées, ces oeuvres seront plus fluides», a-t-il expliqué. Dur comme fer, il croit à cette privatisation pourtant décriée et rejetée en bloc par les députés ayant affiché leurs «craintes quant à l'avenir de l'université.» Attentif, M.Hadjar a précisé, cependant, que cette privatisation sera peu suivie par la communauté universitaire. Etayant ses dires, il n'a pas manqué de prévenir qu'un contrôle strict et minutieux se fera tous les quatre ans. Et si cette privatisation venait à se concrétiser, l'université sera soumise à un cahier des charges identique à celui de l'université publique. En termes de chiffres, l'invité de la Radio a tenu à préciser que l'université d'Alger, à elle seule, compte 115.452 étudiants encadrés par 5600 enseignants. «Le taux d'encadrement, un enseignant pour 23 étudiants, est acceptable dans l'absolu», explique M.Hadjar. L'université forme annuellement 7000 étudiants en Master et quelque 4000 autres en DES. Certaines filières ont connu un engouement de la part des étudiants. Les salles sont archicombles. Reconnaissant cette «défaillance», l'invité du forum a laissé entendre qu'«actuellement, nous subissons les conséquences de ce rush sur l'université d'Alge.». Autre bémol concernant la situation des bibliothèques. Face à cette surcharge et au vol de certains livres précieux, constaté récemment, M.Hadjar a estimé que le livre électronique «est l'unique solution», pour mettre fin à cette situation préoccupante. Interrogé sur le système LMD à l'origine des protestations et des grèves observées au niveau national, il précise ne pas être de cet avis. «On ne peut parler d'un éventuel échec de ce système d'enseignement qu'après plusieurs années d'application», a-t-il soutenu. Ce système, poursuit-il, est axé sur une philosophie éducative solide. Nos universités sont-elles dotées des meilleurs moyens assurant la réussite du LMD? A cette question, M.Hadjar a précisé que l'Etat a attribué des enveloppes financières considérables à toutes les universités ayant appliqué ce système anglo-saxon. Les collectivités locales, l'enseignement supérieur ainsi que les secteurs public et privé sont appelés à conjuguer leurs efforts dans ce sens. A cet effet, l'université de Béjaïa a été citée comme un exemple à suivre. Qu'en est-il de ces nouveaux diplômes (version LMD) non reconnus dans les universités d'outre-mer? M.Hadjar a opposé un niet catégorique. Concis, il n'a pas été par trent-six chemins pour dire: «Ces diplômes sont mondialement reconnus.»