Le Conseil français des investisseurs en Afrique reconnaît la réticence des patrons de l'Hexagone. L'Algérie offre de très importantes opportunités d'investissements pour les opérateurs étrangers, a constaté le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN-patronat) dans son rapport pour 2008. Analysant la situation algérienne, le rapport présente ses grands équilibres macroéconomiques dans leur aspect le plus positif. «Après avoir soldé la quasi-totalité de sa dette extérieure, l'Algérie maintient le cap sur le plan économique», indique le rapport. Ces points forts consistent aussi, selon le même document, en l'existence d'infrastructures aéroportuaires, de télécommunications, du droit au travail, de facteurs de production (eau, électricité) et de transports (maritimes, routiers) qui facilitent l'environnement des affaires. Le constat établi par cet organisme est loin d'être une illusion. Bien au contraire, il relève que l'environnement des affaires s'est nettement amélioré ces dernières années. Avec tous les indices économiques, l'Algérie constitue une opportunité à saisir. Le rapport qui développe une étude sur l'ensemble de la région, reconnaît la faiblesse des capitaux français dans la région et, en particulier, en Algérie. «Les entreprises françaises sont restées trop timorées dans leur approche économique», constate sans équivoque le rapport français. Cet aveu vient confirmer, une nouvelle fois, les réticences des opérateurs français à investir en Afrique. Malgré les appels lancés par le Medef et le gouvernement français, les opérateurs de l'Hexagone hésitent toujours à s'engager. Les visites officielles multipliées par les responsables français en Algérie n'ont pas eu l'écho escompté. «La croissance s'envole, en moyenne 5,7%, dans ces pays africains qui, pris dans leur ensemble, ont enregistré, ces dernières années, une performance économique sans rapport avec les précédentes décennies», indique ce document. Il note toutefois que «la croissance économique reste disparate», selon les pays, et insuffisante pour permettre au continent d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) visant à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. Le conseil présente dans son analyse tout un tableau des secteurs en souffrance. «Le continent reste également caractérisé par un manque d'infrastructures: avec presque un milliard d'habitants, soit 1/6 de la population mondiale». Il citera comme exemple l'Afrique qui ne produit que 4% de l'électricité mondiale. Il fait valoir que les investissements directs étrangers (IDE) augmentent. En 2006, ils ont atteint le montant record de 36 milliards de dollars. «L'Afrique s'est transformée en terre de prédilection», assure le président directeur général d'AGS, un groupe spécialisé dans les prestations de services liées à la mobilité internationale. Le groupe admet lui aussi que les entreprises françaises sont «devenues trop méfiantes» dans leur approche du continent africain. Aussi note-t-on, l'attraction des nouveaux pays émergents (en Asie) a détourné l'attention des grands investisseurs français. «Il y a une erreur de la France vis-à-vis de l'Afrique, notamment une mauvaise évaluation des grands mouvements qui touchent le continent où les opportunités pour des investissements massifs existent pourtant», affirme ce responsable.