Le parrain du festival, Takfarinas, aura fait plus de bruit qu'autre chose en repartant sitôt venu, sans même interpréter une chanson... Le Festival international culturel annuel du film amazigh s'est ouvert mercredi dernier dans la cohue. En effet, baroud puis désorganisation à l'intérieur de la Maison de la culture de Sétif ont caractérisé en premier lieu cette manifestation cinématographique dans cette région des Hauts-Plateaux. Une impression généralisée qui s'estompe au fur et à mesure. On se bouscule pour entrer dans la grande salle où va se dérouler la cérémonie d'ouverture. C'est Takfarinas, le chanteur, qui réussira à remettre de l'ordre et asseoir le silence parmi l'assistance toute conquise à son charisme, jouant tantôt au provocateur, tantôt au sage «empereur de sa propre musique».Tak est le parrain du festival. L'enfant prodige est reçu avec les honneurs, tandis que Alloua est tombé aux oubliettes. On se bouscule pour serrer la main de Takfarinas et avoir un autographe. Il est prévu qu'il chante pour la soirée de Yennayer. Intox puisqu'à peine deux jours et le voilà reparti, pris par d'autres engagements nous dit-on. Encore une déception. Aussi, l'ouverture se fera, encore une fois, dans la liesse avec un plateau musical diversifié pour finir avec la projection du dernier-né de Brahim Tsaki, Ayrouwen(Il était une fois) et un dîner offert par le wali de la région. Le film de Brahim Tsaki se raconte comme un conte avec une trame bien ancrée dans le réel. Une histoire d'amour impossible sur fond de pollution du désert par les gens du Nord. Un sujet brûlant sur les déchets nucléaires. Malgré la beauté des paysages et la musique ensorceleuse de Safy Boutella, le film nous laisse sur notre faim en matière d'émotions. Beaucoup de silences et de longueurs rythment ce film «évanescent». Le festival qui, cette année, signe son acte de naissance, selon les termes du commissaire Hachemi Assad, en s'ouvrant aux professionnels, connaît, encore une fois, des défections. Outre la déprogrammation du film marocain et l'annulation de certaines tables rondes, il y a les problèmes techniques (image et son) qui surgissent ici et là, nous laissant sur notre faim, et chargés surtout d'un sentiment de malaise qui empêche de suivre correctement les programmes cinématographiques. C'est le documentaire Syfax de Mokrane Aït Saâda qui entame la compétition officielle pour l'Olivier d'or. Un film qui retrace la vie de ce personnage historique, en l'occurrence le roi de la Numidie occidentale. Le réalisateur a utilisé dans son travail les témoignages d'historiens tels que Abderahmane Khalifa et Saïd Dahmani. Un film qui, faut-il le noter, a été présenté en langue amazighe non sous-titré qui a déplu forcément aux invités étrangers. Or, cette copie existe bel et bien. Excès de zèle? Squelette de Yassine Fennane est reporté et remplacé par le documentaire de Naceur Boujou (France, 59 minutes, 2007). Pour la première fois dans le bassin de Longwy, la parole est donnée à des Imazighen pour être diffusée au public dans le cadre d'un reportage vidéo. Beaucoup, trop de témoignages noient le sujet. Un patchwork confus qui aurait gagné à être bien monté avec un fil conducteur. Sans parler de la mauvaise qualité de l'image... La matinée s'achève avec la projection d'un court métrage d'un Marocain, Les poupées en roseaux, sur le sentiment d'isolement et de déséquilibre mental, réalisé de façon presque naïve dans un décor naturel idyllique. L'après-midi, c'est place aux films suisses, le pays à l'honneur de ce festival et aussi partenaire du festival via le Festival international du film oriental de Genève qui s'occupe aussi de l'encadrement des ateliers de formation dont «Cinéma et nouvelles technologies», étude de scénario etc. La sélection des films suisses notamment Aux frontières de la nuit de Nasser Bakhti et Mon frère se marie de Jean-Stéphane Bron nous a permis de passer un bon moment de détente entrecoupé de sifflements, de huées, en sus des applaudissements du public jeune venu en force. Des réactions cependant révulsives qui traduisent hélas, un manque flagrant de civisme. D'autres films ont retenu l'attention du public. On citera le documentaire de Salim Aggar Ça tourne à Alger qui traite du cinéma algérien pendant la tragédie nationale et d'autres courts métrages tout aussi passionnants. Outre les séances de projection, la Maison de la culture connaît aussi un mouvement de foule indescriptible grâce aussi à ces expositions de livres dont des CD pour enfants, de l'artiste Shamy qui nous confiera qu'il passera ce soir à la télé dans Culture Club de Karim Amiti et à la radio Chaîne III le 15 janvier prochain.