L'appel lancé par Bouguerra Soltani, pour l'unification de la mouvance islamiste, n'a pas suscité d'écho. La sortie médiatique du chef de file du MSP a surpris plus d'un observateur. La classe politique a été cependant paradoxalement muette. «L'idée à vendre» avait cependant de quoi faire baver la scène médiatique algérienne. «L'unification de la mouvance islamiste». Cela aurait pu avoir l'effet d'une «mini-bombe». Ce fut un pétard mouillé. Du moins pour l'instant. L'heure «H» étant programmée à long terme. Nous avons tenté de joindre vainement le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique. Deux alliés stratégiques de l'Alliance présidentielle dont fait partie le Mouvement de la société pour la paix, cher à M.Bouguerra Soltani. Apparemment, la mèche allumée n'est pas parvenue à son objectif. L'islamisme serait-il devenu un sujet qui fâche? La manoeuvre du président du MSP, M.Soltani, était-elle aussi machiavélique? La classe politique n'avait certainement pas envie de nager en eaux troubles. Elle n'a pas mordu à l'hameçon. «Après tout c'est son affaire», semble dire nos hommes politiques. Sans vouloir lire dans le marc de café, cela ressemble à une réponse appropriée. Cela serait cependant aller trop vite en besogne. Les choses ne devraient pas se présenter d'une façon aussi simple. On semble surtout nous diriger vers une position qui consiste à ménager un allié dont on pourrait avoir besoin au moment voulu. C'est cela qui semble laisser de marbre la classe politique. Pour l'instant, elle a d'autres chats à fouetter. L'urgence est à la préservation du pouvoir d'achat, ainsi qu'à faire face à une flambée des prix sans précédent. Un vrai casse-tête chinois auquel fait face le gouvernement. A l'horizon se profile une échéance d'un tout autre genre. La présidentielle de 2009. La révision de la Constitution. Cela tient tout le monde en haleine. A commencer par M.Bouguerra Soltani. Pour l'Alliance présidentielle, le leader du MSP s'est avéré un allié bien encombrant. Ses sorties intempestives et imprévisibles ont mis maintes fois à mal son soutien à l'action du chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem. Il a critiqué l'Exécutif. Il a appelé à un remaniement ministériel. Il a affirmé détenir des dossiers concernant la corruption pour se rétracter par la suite. Ce qui lui a valu une sévère volée de bois vert de la part du président de la République. Et c'est au moment où l'on croyait le calme revenu que ressurgit l'ouragan. Voilà qu'un vieux rêve ne vient-il pas d'être exhumé. «Unifier les rangs islamistes». Nul homme politique d'obédience islamiste n'a réussi à le concrétiser encore en Algérie. Bouguerra Soltani veut en tracer le premier sillon. L'oeuvre ressemble à première vue à une utopie. Peu d'importance semble être accordée à un tel projet dans l'immédiat, d'autant plus que les partis islamistes sont demeurés dubitatifs. Serait-ce alors une tempête dans une verre d'eau? Gageons que l'occasion pour rebondir sur ce thème sera rapidement offerte à celui qui rêve de diriger la mouvance islamiste unifiée en Algérie.