Face au statu quo et à la position figée des Marocains, l'ONU semble ne pas être en mesure de faire respecter ses propres résolutions. Les Sahraouis adoptent une nouvelle stratégie de lutte: «Le soutien de l'Intifada dans les territoires occupés par le Maroc et la reconstruction des territoires sahraouis libérés.» C'est-à-dire que le Front Polisario va se mettre désormais sur trois pistes, sans pour autant exclure l'option d'un retour à la lutte armée, revendiquée, il est utile de le signaler, à cor et à cri par les jeunes militaires sahraouis. Il s'agit, en premier lieu, de continuer le combat diplomatique enclenché depuis juin 2007, date de l'entame des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, deux parties au conflit, bien définies par les Nations unies. Ensuite, «l'Intifada de l'indépendance» menée sur les territoires occupés sera plus que jamais soutenue, indique-t-on auprès du secrétariat national du Front Polisario. Et de favoriser, en troisième lieu, le développement des régions libérées, détruites lors de la dernière bataille de libération qui remonte aux années 80. Le secrétariat national du Front Polisario a auditionné les négociateurs de Manhasset III, lors d'une session ordinaire ayant eu lieu à la fin de la semaine dernière. Le Front Polisario, seul représentant du peuple sahraoui, a renouvelé, encore une fois, sa disposition à continuer à coopérer avec le secrétaire général de l'ONU et son envoyé personnel Peter Van Walsum et ce, dans l'optique de la visite prochaine de ce dernier dans la région. Le Front Polisario a réitéré encore sa détermination à participer aux prochaines négociations, prévues en mars prochain dans l'agenda politique des Nations unies. L'objectif unique, précisent les Sahraouis, étant d'arriver à «mettre en oeuvre les décisions de l'ONU, de parachever la décolonisation du Sahara occidental et permettre ainsi à son peuple d'exercer son droit légitime à l'autodétermination», apprend-on auprès de la première instance politique du Front Polisario. Cette même instance n'a, toutefois, pas manqué de dénoncer avec la dernière énergie l'«intransigeance» du Maroc et ses «positions figées contraires au droit international», qui «empêchent la tenue de négociations sérieuses». Il faut dire que la position de la partie marocaine n'est autre qu'une violation pure et simple des résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité de l'ONU qui stipulent que les négociations de Manhasset «doivent se tenir sans conditions préalables». Mais l'ONU, cette institution internationale, carrément à la merci des cinq puissances détentrices du droit de veto, semble ne pas être en mesure de faire respecter ses propres résolutions sur le Sahara occidental. Le hic: l'ONU se dit prête à reconnaître, sans la moindre gêne, un Kosovo qui a toujours été un territoire serbe, mais incapable d'organiser un référendum d'autodétermination sur le Sahara occidental, qui n'a jamais été une région marocaine. Il est temps donc d'appeler un chat par son nom: l'ONU, une instance de paix proprement dite, est rattachée, faut-il le dire, aux ministères des Affaires étrangères des cinq puissances susmentionnées, à commencer par les USA et la France, deux pays en divorce avec la charte des droits de l'homme. En attendant de voir l'ONU assumer parfaitement ses responsabilités, l'envoyé personnel de Ban Ki-moon au Sahara occidental, Peter Van Walsum, est attendu en février dans les camps de réfugiés sahraouis. Le secrétaire général des Nations unies devra, quant à lui, présenter son rapport vers la fin du mois. Peter Van Walsum avait annoncé également, à la fin du 3e round de négociations, qu'il effectuerait une tournée en février pour discuter séparément avec les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, et les pays observateurs voisins, l'Algérie et la Mauritanie. Un 4e round est prévu du 11 au 13 mars prochain.