«C'est la France qui arme le Maroc. C'est ce pays qui veut la guerre et c'est la France qui cautionne l'instabilité dans la région du Maghreb.» Très sensible est la situation actuelle. Mohamed Salem Ould Salek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, l'admet. Les négociations de Manhasset, reprises depuis hier, ne se déroulent pas sous de bons auspices. Elles risquent de n'être qu'un pétard mouillé du fait du rôle de l'ONU, réduite à une simple mission d'arbitrage. Il y a aussi une position inchangée et figée de la partie marocaine, allant jusqu'à réaffirmer la logique de guerre contre la légalité internationale. Lors d'un point de presse animé, hier à Alger, par le chef de la diplomatie sahraouie, il a été relevé que les négociations ne peuvent marquer une avancée si l'Organisation des Nations unies ne décide pas d'éperonner la partie marocaine. Pour les Sahraouis, il n'est pas question de baisser les bras, quitte à reprendre la lutte armée pour faire valoir leurs droits. «La délégation sahraouie a repris le chemin de Manhasset armée de bonne foi pour parvenir à une solution définitive et légale qui garantit le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, tel que mentionné dans les deux dernières résolutions des Nations unies, à savoir la 1754 et la 1783», a indiqué le ministre sahraoui des Affaires étrangères. Ce dernier a relevé, par ailleurs, l'absence de volonté politique chez la partie marocaine qui ne cesse de recourir à l'armement et aux «provocations». Mohamed Salem Ould Salek a responsabilisé les Nations unies quant au moindre dérapage dans la région. L'orateur estime également que la France aura aussi une grosse responsabilité car, «c'est elle qui arme le Maroc, c'est la France qui veut la guerre et c'est elle qui cautionne l'instabilité dans la région du Maghreb». Ce n'est pas une simple récrimination. Et ce n'est pas un scoop: France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, assume la plus grosse responsabilité dans le statu quo actuel. Il y a, ensuite, la responsabilité historique et morale de l'Espagne, mais qui continue, elle aussi, à vendre les armes au Maroc, encourageant ainsi sa politique d'occupation du Sahara occidental. S'exprimant, hier, sur cette question, Mohamed Salem Ould Salek dira que «nous espérons que le 2e mandat de Zapatero reprendra la position défendue par son pays avant 2003 et qui consacre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Le ministre sahraoui a dénoncé, sur sa lancée, le silence des Nations unies face aux provocations marocaines qui consistent à rassembler ses troupes le long du mur, les manoeuvres militaires et les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. «Nous sommes loin d'un contexte de détente et de négociations responsables», a-t-il relevé, soulignant que «les Sahraouis sauront défendre leurs droits par tous les moyens possibles, y compris la lutte armée si cela serait nécessaire». Mais c'est à l'ONU, chargée de maintenir la paix et de veiller au respect du cessez-le-feu, d'assumer ses responsabilités si l'option armée l'emportait en fin de compte. Le Maroc a souligné une nouvelle fois, hier, qu'il n'accepterait «rien d'autre» que l'autonomie pour résoudre le conflit du Sahara occidental qui l'oppose au Front Polisario, représentant du peuple sahraoui. L'on s'interroge dès lors sur le pourquoi d'aller négocier à Manhasset puisque «le Maroc n'accepte que l'autonomie et rien d'autre que l'autonomie». Cela a été déclaré, hier, par le ministre marocain de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, s'exprimant peu avant l'ouverture du 4e round des négociations. Mais avec l'attitude belliqueuse des Marocains, il semble qu'on ne fera pas encore la paix. Notons, qu'après avoir dirigé trois rounds de négociations, depuis juin 2007, entre les deux parties au conflit, le médiateur onusien, Peter Van Walsum, a déclaré n'avoir pas encore trouvé de solution. Mais cette solution que cherchait Peter Van Walsum était toute claire et ne souffre aucune ambiguïté: «Parvenir à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Quel serait donc le devenir de ces négociations?