Le montant de la facture de médicaments ne baissera pas en raison de la hausse des naissances et l'allongement de l'espérance de vie. «Il faut assainir l'environnement pour pouvoir développer et soutenir l'industrie pharmaceutique en Algérie», a estimé, hier, le Dr Nabil Mellah, secrétaire général de l'Union des opérateurs de la pharmacie (Unop). Invité de la Radio nationale, Chaîne III, le Dr Mellah a indiqué que les conditions en matière d'investissement dans ce créneau ne sont pas réunies; ce qui explique, dit-il, le retard dans le développement de cette industrie. Il a déploré ainsi l'absence de mesures incitatives à l'investissement mais aussi de politique claire dans ce sens. Ce qui fait que les opérateurs manquent de visibilité. «Il n'y a pas de politique globale. Il y a eu autant de politiques que de ministres car à chaque nouveau ministre de la Santé, il y a un nouveau directeur de la Santé», a-t-il relevé. Pour l'invité de la Radio nationale, «ce ne sont pas les importateurs qui font le lobbying mais ce sont les laboratoires exportateurs car ce sont eux qui réalisent la plus-value». Pour mieux illustrer les problèmes rencontrés par les producteurs nationaux, il a cité l'exemple du groupe pharmaceutique Saidal. «Pourquoi ne pas donner les marchés publics de l'insuline à Saidal?», s'est-il interrogé. Il faut noter dans ce cadre que Saidal ne parvient toujours pas à écouler son produit sur le marché national tout comme le traitement Saïflu, produit par le groupe en prévision d'une pandémie de grippe aviaire. De ce fait, Saidal se retrouve avec d'importants stocks invendus. «Un soutien de la part de l'Etat favorisera l'installation d'une concurrence interne entre les entreprises pour faire face à la concurrence internationale», a estimé le secrétaire général de l'Unop. Cet avis n'est pas partagé par le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, qui avait proposé aux opérateurs, lors du Colloque sur les perspectives de développement de la production pharmaceutique, organisé en octobre 2007, d'aller vers la fusion entre les entreprises nationales spécialisées dans la production pharmaceutique pour mieux développer la filière. «L'objectif est d'aller vers l'émergence d'un géant pharmaceutique», avait-il affirmé. Le mieux, pour M.Temmar, était de fusionner avec le groupe pharmaceutique Saidal. Le marché est, faut-il le rappeler, dominé par l'importation. Pour preuve, le Dr Mellah a avancé que 80% des produits pharmaceutiques sont importés et seulement 27% du marché national est couvert par les producteurs nationaux. Cependant, et selon les chiffres du ministère de la Santé, la couverture des besoins nationaux par la production nationale est passée de 24,70%, en 2004, à 29,13%, en 2005, pour se situer à 34,55% en 2006. Le Dr Mellah a avancé, dans ce sens, que le montant de la facture des médicaments ne baissera pas. Elle sera même plus importante, notamment avec l'augmentation des naissances (600.000 par an) et l'allongement de l'espérance de vie. Le ministre de la Santé, Amar Tou, avait expliqué, à ce propos, la hausse par le fait que l'Etat a décidé d'importer des médicaments contre le cancer, l'hépatite et contre les maladies orphelines. A cela, une enveloppe de 9 milliards de DA a été consacrée et elle passera à 19 milliards de DA en 2008. La facture de l'importation des produits pharmaceutiques a baissé de 1004,4 millions d'euros en 2005, à 962 millions d'euros alors que durant le premier semestre de l'année 2007, elle était de 475 millions d'euros, selon le ministre de la Santé.