La richesse du Ahellil, patrimoine culturel de la région des Gourara (wilaya d'Adrar), a été mise en exergue lors d'une conférence donnée jeudi après-midi à la galerie Arts en liberté d'Alger par le chercheur Saïd Bouterfa. «Mémoire de réalités socioculturelles et rencontre d'un récit historique et d'une forme poétique, le Ahellil, patrimoine dynamique parle de l'amour, de la beauté de la nature, des épopées, des personnalités et des saints patrons de la région», a indiqué Saïd Bouterfa à propos de ce patrimoine comprenant chants, poésie et chorégraphies. «Mélopées extrêmement prenantes et d'une douceur insolite, acte magique, le chant dispense son pouvoir d'envoûtement pour conduire à la paix de l'âme», a relevé le conférencier soulignant que ce chant «balisé, codifié et caractérisé par une certaine virtuosité et une beauté vocale a gardé une certaine authenticité». «A partir de l'islamisation, la thématique du Ahellil devient religieuse, spirituelle et parfois mystique», a affirmé le chercheur soulignant par ailleurs sa «dimension documentaire» à travers l'évocation de batailles, de lieux historiques et de personnages célèbres. «La force du verbe revêt ici une importance capitale car elle est synonyme de mémoire collective», a indiqué Saïd Bouterfa, ajoutant que le Ahellil, proclamé chef-d'oeuvre du patrimoine culturel oral et immatériel de l'humanité, est omniprésent, lors des fêtes familiales, de la «ziara» (visite) des mausolées des Saints patrons de la région et lors du «Sbou» de Timimoun. L'intervenant a expliqué que le terme Ahellil vient du mot tahelil (louanges) et que ce patrimoine, transmis oralement, remonte loin dans le temps. «On ignore la date exacte de son apparition, cependant il en est fait mention dans les manuscrits des XIVe et XVe siècles», a affirmé le chercheur qui a rendu hommage à l'écrivain et chercheur Mouloud Mammeri, qui, le premier, a su nous révéler le Ahellil. Une exposition, intitulée Ahellil ou les louanges du Gourara a été organisée, parallèlement à cette conférence. Regroupant 21 photographies, l'exposition met en valeur les paysages, les manuscrits, les us et coutumes de la région et évoquant tous les éléments en relation, avec le Ahellil, à savoir le cérémonial ainsi que les instruments de musique traditionnels, propres à ce genre musical et poétique.