Considéré comme le plus important musée d'art d'Algérie, du Maghreb et même d'Afrique et du Moyen-Orient. Le destin préside aux choses comme aux êtres. En quelques années, le Musée national des beaux-arts va devenir une des plus belles collections de son temps. Le sort peu commun de cette institution valait donc bien la peine d'être conté. «Considéré comme le plus important musée d'art d'Algérie, du Maghreb et même d'Afrique et du Moyen-Orient, le Musée national des beaux-arts d'Alger recèle aujourd'hui une collection riche de près de 8000 oeuvres, principalement des peintures, sculptures, estampes, dessins, céramique, gravures...Il a été construit par l'architecte algérois Paul Guion entre 1927 et 1930. Et ce, pour la célébration du centenaire de la colonisation de l'Algérie», nous a relaté M.Rachid Akache, consultant pour l'animation et la recherche, au Musée national des beaux-arts. Surplombant le quartier du Hamma et faisant face au jardin d'Essai, à quelques mètres à peine de la grotte historique où s'est réfugié Cervantès, et de la villa de la famille Abdel Tif, de l'époque ottomane. Le musée s'adosse à une falaise d'une vingtaine de mètres de hauteur et qui fait face à un merveilleux panorama sur la baie et le port d'Alger. M.Rachid Akache nous a expliqué que «toutes les oeuvres sont présentées sur 3 niveaux couvrant une superficie de 4000m². Deux galeries superposées d'une cinquantaine de mètres et de salles de peinture encadrant une plate-forme comprenant un jardin avec pergolas, destinées aux sculptures en plein air». Toujours selon le consultant du musée, «l'histoire des collections que nous nous sommes appliqués à débroussailler ces dernières années, par la lecture et l'étude attentive des nombreuses archives conservées au musée, peut être évaluée à trois grandes étapes d'acquisition pour la période qui va de 1930 à 1960, et en deux grandes étapes pour la période qui va de 1963 à nos jours». Comme il était difficile dans un espace aussi limité d'accorder, tant sur le plan des illustrations, que sur celui de l'évocation, la place qu'il convient à chacune des oeuvres majeures de la collection. «Notre choix s'est porté soit sur celles qui étaient, à notre sens, les plus représentatives, soit sur celles dont les auteurs avaient joué un rôle particulier; en bref, sur ce que l'on a coutume d'appeler les chefs-d'oeuvre; ceci étant, on peut considérer aujourd'hui que l'ensemble de la collection d'art ancien constitue véritablement un chef-d'oeuvre, tant elle est riche en oeuvres qui illustrent la plupart des grands courants artistiques; elle est de surcroît, rappelons-le, la seule collection maghrébine et arabe de cette typologie. Ce qui lui confère une infinie valeur sur des collections particulières, telles que: l'art ancien les XIVe, XVe, et XVIe siècles, les XVIIe et VIIIe, le XXe, l'art allemand, l'art flamand, l'art hollandais, l'art italien et l'art français. Ainsi, une importante collection d'oeuvres sculpturales datant du XVe à la première partie du XXe siècle, dont des bronzes de Rodin, Maillot et Despiau. Un trésor de 1700 dessins, gravures et lithographies des différentes écoles européennes du XVe siècle à nos jours, dont de très belles collections d'esquisses et dessins des maîtres orientalistes comme Chassériau, Fromentin et Guillaumet, décrivant et témoignant de la vie algéroise et de la Mitidja à la fin du siècle dernier. Le musée s'enorgueillit aussi de posséder 3 gravures du célèbre Picasso», nous a fait savoir M.Rachid Akache. Une harmonie qui défie les siècles En effet, si les arcs en plein centre des salles du second étage évoquent quelque peu l'austérité des lieux de culte du Moyen-Age musulman maghrébin, l'Antiquité apparaît comme la principale source d'inspiration de magnifiques mosaïques, des pavements de sol que l'on peut admirer en particulier dans la bibliothèque, colonnades de la Pergola, jardins intérieurs où l'alignement de statues n'est pas sans rappeler certaines ordonnances des villas romaines. Mais la véritable surprise réside dans le décor intérieur, dans cette étonnante harmonie qui défie les siècles et les écoles artistiques. «Il s'établit d'emblée entre le bâtiment et son aménagement: rampes d'escaliers, portes, balcons, autant de références à l'art du moment qui vont trouver un écho dans l'admirable mobilier conçu et dessiné par l'artiste Louis Fernez, enseignant à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, dont certaines pièces seront commandées à l'ensemblier Francis Jourdain, qui est aujourd'hui considéré comme un des plus importants créateurs des années 20.» La typologie du musée d'art inciter les responsables à accorde toute leur attention au problème de restauration et de réaménagement. Ainsi au second étage, l'agencement des espaces règle le parcours des visites guidées. Au dernier étage, une enfilade de salles aménagées en petits cabinets offre l'intimité indispensable aux oeuvres de petites dimensions. Le parcours à ce niveau s'achève, sur l'aile ouest, par le salon Carré dont les longs murs et l'impression d'élévation favorisent la présentation des oeuvres anciennes, de proportions plus importantes. Au coeur de l'étage, la magnifique bibliothèque constitue un fonds exceptionnel de livres d'art anciens et récents. Avec ses 17.000 volumes, elle est la plus importante bibliothèque du continent africain. Au premier étage, s'étire la galerie des bronzes, dont la superbe perspective se découvre à partir des mezzanines, situées sur chaque aile. La monumentalité de l'espace se trouve encore renforcée par l'alignement de hautes baies vitrées, qui n'est pas sans rappeler certains espaces des musées d'art et d'histoire des grandes capitales. Quant au rez-de-chaussée, il s'ouvre vers l'extérieur par une entrée magistrale accédant à son tour sur un portique. L'intérieur ressemble beaucoup dans son agencement au premier étage et «sera aménagé ultérieurement en une salle de conférences et une salle de projection». Une autre partie sera réservée à une galerie de moulages, nous a assuré notre interlocuteur. L'objectif de la restauration consistait à retrouver l'harmonie. Il fallait donc, parallèlement, mener à bien les travaux de restauration du musée et sa mise en conformité avec les normes de sécurité de la totalité de l'espace. Après plusieurs mois d'investigation, une restauration en plusieurs temps a été entreprise. La réfection du gros oeuvre selon les normes techniques, de la restauration du décor peint et sculpté au réaménagement. Budgets insuffisants Des spécialistes dans différents domaines de compétences sont intervenus. Les travaux sont réalisés à 60%. Toujours est-il, «je qualifie d'insuffisants les budgets de la culture, parce que le contenu est assez important; le budget devrait être revu à la hausse pour une meilleure prise en charge. Et cela est vraiment essentiel», s'est insurgé notre consultant. Jeunes gens de notre temps, on passe en un instant de la jeunesse à la virilité. Bientôt, vous allez être hommes, c'est-à-dire que la patrie, l'Etat, la société, vont vous demander, comme à leurs autres enfants, votre part de dévouement et de travail. «Nous venons, après tant d'autres, chercher une place au soleil...Instruire et moraliser tout en amusant, telle est la devise que nous avons choisie et voulu concrétiser, car les musées sont des pôles de rayonnement. C'est assez dire que nous éviterons tout pédantisme», a souhaité en conclusion M.Rachid Akache. Au final, la réussite du musée est reconnue à l'unanimité: esthétique et discrétion du bâtiment moderne, mis en valeur par des présentations de collections...Elle résulte, sans aucun doute, de l'ouverture d'esprit des intervenants, pour lesquels l'objectif était le même: protéger et mettre en valeur cette institution avec ses oeuvres d'art qui symbolisent l'âme d'une patrie en lui reconnaissant ce devoir de mémoire.