Le Tout-Tizi Ouzou a assisté à la projection du film d'Ali Mouzaoui, Mimezrane ou La Fille aux tresses. La première du film a été ainsi réservée au public tizi-ouzéen qui a rallié la Maison de la culture en nombre. Dès 14h, la salle de projection était pleine à craquer. Tous sont venus découvrir cette nouvelle pierre qui s'ajoute à l'édifice du cinéma amazigh. Ali Mouzaoui, le réalisateur, venait à la découverte de son public, et les acteurs du film découvraient, pour la première fois, la critique. La foule était conquise dès la première image. La photographie était réussie et les paysages beaux à souhait. Les champs de Kabylie, la neige du Djurdjura et le sable du Sahara, un vrai voyage à travers le pays, qui se laisse découvrir avec toutes ses beautés naturelles. La trame de l'histoire est d'un pathétique des plus poignants. Une relation amoureuse entre deux jeunes gens qui tourne presque au drame pour la jeune Mimezrane, sujette à une malédiction. La stérilité est son sort, à moins de réunir sept bracelets, ce dont le jeune amoureux s'était chargé. A son retour, le jeune homme trouve Mimezrane mariée à un notable du village. Un mariage qui, en réalité, ne veut rien dire, puisqu'en fait, Mimezrane a été vendue par la vieille femme qui l'avait recueillie alors qu'elle était la cosette du village. Les scènes du film sont tirées du vécu social kabyle des temps anciens, et Mirmezrane est certes un film assez beau mais qui pèche, souvent, par la bande son. La musique, un mixage des musiques traditionnelles, est cependant un tantinet fort et ne permet pas réellement de suivre le texte. Plusieurs des spectateurs ont ainsi eu recours au sous-titrage pour suivre le film. Lors des débats, les spectateurs ont précisé qu'à l'intérieur du film, on pouvait percevoir plusieurs autres films. Malgré le petit budget consacré au film, il reste une grande oeuvre. Pour d'autres spectateurs, Mimerzrane est une histoire d'amour qui renferme en son sein quelque chose de plus profond. Certains trouvent qu'il est temps pour le cinéma amazigh d'échapper aux légendes et d'aller vers la modernité. Mouzaoui a essayé de répondre, mais comment dire aux gens que leur goût n'est pas ce qui est attendu. Le cinéma amazigh est naissant. D'aucuns se sont posés la question quant au but du film. Le réalisateur a répondu qu'«on a voulu, à partir d'une légende, d'une histoire de tendresse, montrer aux autres qui nous sommes». En revanche, le film cache plus qu'il ne dévoile, certains suspectent même des visées politiques. Plusieurs scènes ont été tournées dans le Sud. Les Touareg cohabitent avec les Kabyles et parlent la même langue, malgré la grande distance qui sépare le Nord du Sud. Ce qui sous-entend que la Kabylie est beaucoup plus étendue et que la langue amazighe est parlée partout dans le pays. Un message d'amour et de tendresse qui renouvelle le lien avec le legs des ancêtres; cependant, il semble que celui-ci reste à parfaire, notamment dans le sens où le jeu des facteurs a quelque peu manqué son rôle attractif. Mimezrane reste, malgré tout, un film qui illustre bien une facette de l'Algérie de jadis.