Cette tactique de riposte préventive ne manquera certainement pas de faire contrepoids au terrorisme résiduel. La lutte antiterroriste prend une nouvelle forme. Après l'affichage de portraits des terroristes sur les lieux publics et la communication de portraits d'éventuels candidats aux attaques kamikazes au niveau des différents corps de sécurité, les services en charge de la lutte antiterroriste viennent d'opter pour une nouvelle forme: la lutte sur le plan idéologique. C'est ainsi que la Gendarmerie nationale vient de lancer une vaste campagne de sensibilisation pour les jeunes. Cette campagne a débuté à partir de la wilaya d'El Oued. Les services de la Gendarmerie nationale, opérant de nuit au niveau des mosquées, procèdent, dans la plus grande discrétion, au rassemblement d'un bon nombre de salafistes. Ces derniers sont, par la suite, invités au siège de la garde communale. Il ne s'agit nullement de répondre à un interrogatoire pour les besoins d'une quelconque enquête, mais d'assister à une conférence minutieusement préparée et animée par un cadre habilité de la gendarmerie. Le conférencier, maîtrisant parfaitement son sujet, s'adresse dans un long discours aux participants en analysant la tyrannie du fanatisme et l'intolérance du terrorisme. Sur un ton familial, le conférencier met en avant les répercussions judiciaires de soutien des groupes armés sévissant dans le pays qui, même désarmés, persistent dans leur logique meurtrière et cherchent, tant bien que mal, à assurer une résonance médiatique à la nébuleuse terroriste Al Qaîda. L'objectif recherché est de mettre en exergue la menace contre la nation et de battre en brèche les concepts dévastateurs de l'intégrisme. Doté d'une culture religieuse, le conférencier, tout en s'appuyant sur des hadiths, rappelle le respect des principes fondamentaux de l'Islam, notamment la tolérance, et l'importance de la réconciliation. L'opération, ayant touché plusieurs mosquées, à l'instar de Souihla de Sidi Aoun, Hassi Khlifa, Hassani Abdelkarim, Debila, Guemar, entre dans le cadre de la lutte antiterroriste. Les personnes ciblées, a-t-on également souligné, sont très sensibles et susceptibles d'adhérer aux fetwas d'Al Qaîda. Le choix n'est donc pas fortuit. L'on précise aussi que la démarche entre dans le cadre des nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme et ne devrait pas concerner uniquement la région d'El Oued. L'on compte, en effet, généraliser cette démarche qui tend à étouffer, voire éliminer la doctrine inspirée des méthodes intégristes, des khawaridjs et des wahhabistes. Sur un autre plan, la région d'El Oued connaît, depuis trois semaines, une vaste opération de ratissage, à la recherche de plusieurs terroristes, à leur tête Gharbi Abdelmalek, âgé de 46 ans. Il avait pris les maquis durant les années 90. Aux dernières nouvelles, il aurait réussi à pénétrer sur le sol libyen pour rejoindre les groupes terroristes implantés aux frontières. C'est aussi dans cette région qu'Al Qaîda, avec la complicité de Abou Laïth El Libi, abattu mardi dernier au Pakistan par les Américains, a réussi à instaurer une base relativement forte, lui permettant des acquis, mais qui sont aujourd'hui plus que jamais nuancés. Il n'en demeure pas moins que la nébuleuse est consciente de l'intérêt que suscite la région de par sa situation géostratégique, ayant permis à des intégristes libyens de pénétrer sur le sol algérien et de rejoindre les maquis. C'est une issue pour les terroristes qui activent sur la bande du Sahel. Vouloir donc préserver ses acquis constituerait une priorité pour Al Qaîda. C'est pour cette raison que les forces de sécurité adoptent la stratégie évoquée ci-dessus afin de mieux contrôler cette région.