Du pain, surtout, est exposé à même le trottoir et sur les accotements. Des produits destinés à la consommation sont bel et bien exposés sur des étals qui s'appellent...trottoirs! Du fromage, des friandises, du poisson et du pain, surtout, se vendent à ciel ouvert. Le visiteur d'un jour de la capitale aura certainement remarqué un fait qui suscite plus d'une interrogation, celui de la vente à la sauvette. On y trouve donc toutes sortes de produits, y compris alimentaires! Ainsi, a-t-on constaté, ils sont nombreux à étaler leurs marchandises. Pis, des enfants issus de familles défavorisées s'exposent à de réels dangers en allant vendre de la «galette» sur les bas-côtés des autoroutes. Ce produit alimentaire tant «convoité» par les Algérois, s'asperge au moindre soulèvement du vent, de la...poussière! Aussi, d'autres produits destinés à la consommation n'ont pas dérogé à la règle. Fromage, friandises, épices, légumes, fruits...et tant d'autres. A cela s'ajoutent également la vente d'effets vestimentaires, de produits cosmétiques, d'articles de ménage, des outils «contrefaits», du tabac et même des CD. Les «vendeurs d'occasion» s'égosillent à longueur de journée pour tenter, chacun à sa manière, d'écouler son produit. Alignés sur les abords des rues et des artères, les produits exposés à la vente ne cessent d'envahir les trottoirs d'Alger, rendant ainsi la circulation piétonnière des plus difficiles. Faute à quoi, la voie publique se rétrécit progressivement au fur et à mesure de l'expansion de la vente à la sauvette. Ce qui donne souvent lieu à des scènes d'anarchie dans les ruelles pédestres. Chômage oblige, les jeunes sont nombreux à s'adonner à ce «job» gagne-pain. C'est le cas de Amine, la vingtaine, qui dit avoir quitté prématurément les bancs de l'école pour se lancer dans ce «gagne-petit» afin de «subvenir aux besoins de sa famille». Aux yeux de Amine, qui a élu domicile dans le marché des Anassers, cette «échappatoire» lui permettra tout juste de «gagner» sa journée. «Mieux vaut vendre que voler. J'achète chaque jour un ou deux paniers à pain que je revends en gagnant une marge bénéficiaire modeste...», avoue, indifférent, ce vendeur. Pour ce qui est des prix, c'est une autre paire de manches. En fait, peut-on juger, les prix sont soumis au «gré» des vendeurs. 10 dinars la baguette de pain. Le comble est justement le prix du pain qui varie d'une boulangerie à une autre, d'un épicier de Kouba à un autre de Ben Aknoun...«Je ne comprends absolument rien! Certains le vendent à 10DA alors que d'autres fixent le prix de la baguette de pain à 9 voire 8 dinars...», s'interroge un vieillard. Faisant fi des lois fixant les prix, certains vendeurs, pour ne pas dire boulangers, pratiquent leurs propres prix. De 7.5DA pour une baguette de pain, le prix oscille dans certaines boulangeries entre 8 et 10DA. «C'est la faute aux autorités qui ne contrôlent pas la qualité, encore moins le prix», estiment certains, à l'image de ce père de famille de Garidi qui s'apprêtait à faire ses emplettes au petit marché du coin. «L'augmentation est imputable aux boulangers qui font leur loi», juge un autre acheteur, rencontré au sortir d'une boulangerie. Ce qui laisse penser effectivement que les pouvoirs publics sont «absents». «C'est du laisser-faire. Ces vendeurs de pain à ciel ouvert devraient être chassés car il s'agit bien de la santé du consommateur...», nous confie, non sans colère, une quinquagénaire. Cette activité «frauduleuse» et contraire aux moindres normes d'hygiène continue, au vu du silence affiché des responsables concernés, de prendre de l'ampleur. Malgré les «menaces» du ministre du Commerce proférées récemment à l'encontre des boulangers «récalcitrants» qui n'obéissent pas aux critères de la qualité et du prix, la situation semble perdurer. Des vendeurs ou, à la limite, des «marchands au détail» s'imposent, tant s'en faut. A tort ou à raison, c'est toujours les consommateurs qui «payent» les frais de cette «démission» pouvant mettre en danger leur santé.