Le Secrétaire général du RND part au congrès avec un atout majeur: l'annonce de son soutien «même tardif» à la révision de la Constitution. Bruit de vestes au RND. La guerre de succession a-t-elle commencé dans ce parti? Quelques jours seulement après l'annonce de la date du congrès, un mouvement de contestation est né au sein de cette formation politique. Ses instigateurs ont pris pour cible le secrétaire de wilaya, Chihab Seddik, un proche collaborateur de Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti. Il est reproché à M.Ouyahia «d'avoir exclu abusivement et sans arguments justifiés plusieurs noms des listes de candidatures aux locales». Il n'est jamais trop tard pour contester. Une lettre a été même envoyée à Ouyahia pour ordonner une enquête sur la gestion du bureau d'Alger. Chihab qualifie ces tentatives de «tempête dans un verre d'eau». Mais voilà que «la tempête» intervient dans une conjoncture très sensible pour cette formation. Elle risquerait de parasiter sérieusement les préparatifs des 4e assises prévues pour le mois de mai, si le problème n'est pas contenu dans les meilleurs délais. Contacté par L'Expression, M.Chihab Seddik rejette catégoriquement «les accusations» portées contre lui, par «des opportunistes qui n'ont aucun ancrage au sein du parti.» «Ces gens sont connus» dit-il, «ils sont quatre ou cinq anciens élus qui n'ont pas apprécié leur classement sur les listes électorales», ajoute-t-il. Document à l'appui, notre interlocuteur affirme que le choix des candidats a été fait à l'époque avec l'aval de la commission de wilaya. «Ce n'est pas Chihab qui a exclu, mais nous avons pour chaque candidat, exigé le bilan de sa dernière mandature. La commission a tout simplement estimé qu'ils n'ont rien apporté ni au parti ni au citoyen.» Ce mouvement de contestation est-il spontané? M.Chihab met en doute sérieusement les arrière-pensées de ces anciens élus exclus. «La manipulation peut venir a priori ou a posteriori», soutient-il. Il n'a pas écarté l'idée que ce mouvement vise, en fait, le premier responsable du parti, Ahmed Ouyahia. Chihab serait-il le bouc émissaire dans ce cas-là? «Je pense qu'on veut affaiblir Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du RND. Les choses vont s'accélérer dans les prochains jours, mais la contestation finira par s'essouffler parce que ses instigateurs n'ont ni ancrage ni poids au sein du RND», défend Chihab Seddik. Qui veut la tête de Ahmed Ouyahia? Ses ennemis sont-ils de l'intérieur ou de l'extérieur? Notre interlocuteur se montre très peu prolixe, laissant le soin «au temps» de divulguer la vérité. Selon les observateurs, le secrétaire général du RND part au congrès avec un atout majeur. Il s'agit bien évidemment de son soutien «même tardif» au troisième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika. Le 24 janvier, en marge de l'installation de la commission nationale de préparation du 3e congrès ordinaire du parti Ouyahia, dans une sortie certainement calculée, a adhéré officiellement au camp appelant le Président à briguer un autre mandat présidentiel, prenant de court une bonne partie de ses militants. «Nous soutenons la révision constitutionnelle pour offrir un cadre constitutionnel adéquat permettant au président Abdelaziz Bouteflika de garantir la consolidation de la stabilité du pays et le parachèvement du processus de redressement national», avait-il souligné. Une position qui a surpris plus d'un, sachant que jusqu'à cette date, l'homme a nourri le mystère. Ouyahia a brisé le silence au moment opportun pour, assurément, faire barrage à ses adversaires potentiels, à l'image de Abdelkader Bensalah, le président du Sénat, et ancien secrétaire général du parti, qui ne rate aucune occasion pour revendiquer son soutien au président de la République. Le soutien de Ouyahia a permis, selon nos sources «d'apaiser les esprits» et a constitué un gage de sécurité sur lequel devra s'appuyer le secrétaire général du RND lors du prochain congrès. Ouyahia devra donc se consacrer à la préparation de ce rendez-vous dans «un climat serein.» «Nous faisons confiance à la maturité de nos cadres, à la vigilance de nos militants pour contrer toute tentative de déstabilisation.» Au niveau de la direction, le problème n'est pas pris au sérieux. «Je ne pense pas que la contestation prendra une forme réelle. Maintenant toutes les revendications des militants sont les bienvenues pourvu que cela se fasse dans le cadre du respect du règlement intérieur», conclut notre interlocuteur.