Cette option est traduite sur le terrain après l'attaque menée contre l'ambassade d'Israël à Nouakchott. La branche d'Al Qaîda au Maghreb s'en prend, de nouveau, aux Occidentaux présents en Afrique du Nord, ainsi qu'à leurs intérêts. Dans un communiqué mis en ligne hier, le chef d'Al-Qaîda pour le Maghreb, Abdelmalek Droukdel, alias Mossaâb Abdelouadoud, invite ses partisans à «s'en prendre aux intérêts des juifs et des chrétiens et à leurs communautés au Maghreb islamique». Au terme de ce communiqué, la nébuleuse terroriste compte redoubler de violence. Cette option est traduite sur le terrain, notamment après l'attaque menée dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, contre l'ambassade d'Israël à Nouakchott. Laquelle donne a été confirmée, hier, par le chef du service des renseignements israéliens, Méir Dagan. «C'était bien l'ambassade d'Israël qui était visée», a indiqué le chef du Mossad, devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset (Parlement israélien). Dans ledit communiqué, Droukdel appelle aussi à obliger les gouvernements du Maghreb à «la solde de l'Occident, à rompre leurs relations diplomatiques et commerciales avec Israël». Plus expéditif, le chef de la branche d'Al Qaîda aux pays du Maghreb islamique affirme que les «lions» de son groupe «se sont préparés et ont aiguisé leurs sabres pour nettoyer la terre d'Islam des juifs, des chrétiens et de leurs agents». Le communiqué, intitulé «Nous voilà Ghaza», indique que l'attaque contre l'ambassade d'Israël à Nouakchott n'est qu'«un début». «Cette conquête bénie (...) contre les locaux de l'ambassade israélienne à Nouakchott a été menée en soutien aux Palestiniens de la bande de Ghaza, confrontés à un blocus injuste, à la tyrannie et à des scènes douloureuses suivies avec un silence intolérable par les pays occidentaux et une complicité honteuse (...) des gouvernants musulmans» écrit le groupe terroriste. «L'attaque a fait un nombre indéterminé de victimes parmi les juifs et leurs gardes», lit-on encore dans le communiqué, ajoutant que l'ambassadeur d'Israël à Nouakchott devrait «s'attendre au pire». «Ne te réjouis pas trop d'avoir échappé cette fois à l'attaque car il y a encore d'autres flèches pour de nouvelles attaques», écrit le numéro un de la branche d'Al Qaîda au Maghreb, à l'adresse de l'ambassadeur israélien en Mauritanie. Les termes on ne peut plus virulents, utilisés par Abdelmalek Droukdel, attestent en effet de la nouvelle tactique utilisée par Al Qaîda qui, au-delà des résultats «palpables» des attentats, cherche à jouer sur la fibre psychologique des pays menacés. Il est important de rappeler que c'est la deuxième fois que cette organisation terroriste aiguise le glaive de la menace contre les intérêts occidentaux au Maghreb, la première menace ayant été proférée le 20 septembre 2007, par Ayman Al Zawahiri, le numéro deux de la nébuleuse islamique. Dans une vidéo d'une durée de 80 minutes, le lieutenant de Ben Laden avait exhorté ses «djihadistes» à «débarrasser le Maghreb des fils de Français et d'Espagnols, afin de rétablir Al Andalous». La menace a été mise à exécution vingt-quatre heures plus tard, avec l'attentat commis à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, contre un convoi de Razel, un groupe français de travaux publics. L'attaque en question, perpétrée par un kamikaze, a eu des effets néfastes. Elle a été d'autant prise au sérieux que plusieurs employés étrangers en Algérie ont décidé de rapatrier leurs familles. Les sbires de Ayman Al Zawahiri avaient refait le coup avec le double attentat suicide commis le 11 décembre 2007 contre le siège du Conseil constitutionnel, et celui des représentations diplomatiques de l'ONU. Les deux attaques avaient fait 47 morts et plus de 100 blessés. Les instigateurs de cet attentat ne cherchaient autre que l'effet médiatique. Et ce n'est pas un pur hasard si cette attaque a été perpétrée dans la capitale et, en plus, contre deux bâtisses stratégiques, que ce soit pour l'Algérie ou pour le restant des pays du monde. Les spécialistes de l'épineux dossier du terrorisme estiment que la lutte contre ce phénomène est d'autant plus difficile à mener que les groupes terroristes recourent aux attentats kamikazes. La seule issue qui s'impose pour les pays menacés, devant la difficulté de déterminer les lieux et l'instant des attentats, est de renforcer la sécurité mais aussi la vigilance. D'ailleurs, c'est grâce à ces deux éléments que l'attaque kamikaze, commise la semaine dernière à Thénia, n'a pas fait trop de dégâts.