Le Kenya retenait son souffle, hier, après une semaine de négociations difficiles entre le gouvernement et l'opposition sur l'épineuse question du partage du pouvoir qui pourrait, selon le médiateur dans cette crise, Kofi Annan, être réglée dès la semaine prochaine. «La lumière au bout du tunnel», écrivait le quotidien Standard dans son édition d'hier, alors que le quotidien Nation titrait: «Un rayon d'espoir» d'en finir avec une crise qui a fait, depuis la fin décembre plus de 1000 morts et jusqu'à 300.000 déplacés, et mis l'économie kenyane à genoux. Cet éventuel accord n'est pas scellé et la population doit faire preuve de «patience» avant sa conclusion «la semaine prochaine», a tenu à déclarer, hier, M.Annan dans un communiqué, où il s'est dit «préoccupé» par les «fuites» dans la presse sur les modalités de l'arrangement. «Tout le monde doit comprendre que des fuites sélectives au milieu de négociations ne bénéficient à personne», a averti le médiateur. La veille, M.Annan avait déclaré que les deux parties étaient tombées d'accord sur la «nécessité» d'une solution politique, et dit «espérer» une issue à la crise «en début de semaine prochaine». Il s'exprimait après une rencontre avec le président réélu, Mwai Kibaki, et son rival, l'opposant Raila Odinga. Ce dernier accuse le chef de l'Etat d'avoir fraudé pour lui voler la victoire lors de ce scrutin, entaché de nombreuses irrégularités, selon plusieurs observateurs. Interrogé sur des informations faisant état d'un accord sur un gouvernement d'union nationale, M.Annan avait répondu que ces médias avaient «dégainé trop vite». Une telle possibilité était encore évoquée hier dans la presse kenyane. De son côté, le président Kibaki s'est dit samedi «satisfait» du fait que les pourparlers «se déroulent bien», dans un communiqué de la présidence. Il s'est dit «confiant» qu'une «solution durable à l'actuelle situation politique puisse être trouvée». La prochaine séance de discussions est prévue demain. Un des négociateurs du camp gouvernemental, Mutula Kilozo, a indiqué hier que d'ici là, «chaque partie tient de son côté des réunions pour discuter de ces questions». «Nous avons besoin d'un arrangement politique. Nous avons besoin de mécanismes de transition qui impliquent des réformes constitutionnelles, légales et institutionnelles», a-t-il dit. La perspective de cet accord survient alors que la communauté internationale a cherché à peser sur ces négociations. Dans sa première déclaration formelle depuis le début de la crise, le Conseil de sécurité de l'ONU a «exhorté», mercredi, les deux camps à «promouvoir la réconciliation». Le lendemain, à Nairobi, le commissaire européen au Développement, Louis Michel, a prévenu que le risque de sanctions pesait toujours en cas d'échec de la médiation. Parallèlement, Washington a averti 13 Kenyans, responsables politiques des deux camps et hommes d'affaires, de possibles difficultés pour obtenir des visas en raison de leur implication présumée dans les violences. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui était à Nairobi le 1er février, a fait part, vendredi, de son espoir de voir un accord politique conclu «dès que possible».