L'opposition kenyane et le camp du président Mwai Kibaki, dont la réélection est contestée, sont parvenus à un accord sur un gouvernement conjoint intérimaire. L'ancien SG des Nations unies, Kofi Annan, médiateur de la crise politique du pays, pourrait bientôt donner des précisions concernant cette avancée dans les négociations. Les factions politiques rivales au Kenya poursuivent leurs négociations à Nairobi sur la série d'accords visant à mettre fin aux massacres ayant suivi les élections de décembre 2007 et à élaborer un plan global de retour à la stabilité sociale et politique. Selon l'ex-SG de l'ONU, la crise serait même derrière le Kenya avec le calendrier qu'il a arraché aux deux parties adverses pour faire avancer les pourparlers de façon décisive. En plus de l'agenda, Odinga et Kibaki ont accepté les 18 mesures spécifiques à prendre pour faire cesser la violence dont l'intensité a, par ailleurs, commencé à baisser. Nous avons pris un bon départ, s'est réjoui Annan. Le document appelle notamment à éviter toute déclaration provocante, à la tenue de réunions conjointes pour promouvoir la paix et la tranquillité, et à la démobilisation des groupes armés et milices illégales. Il demande également le rétablissement des droits fondamentaux et des libertés civiles. Le pays s'étant installé dans la voie de la guerre ethnique, le pouvoir et l'opposition ont fini par se ressaisir et penser qu'ils doivent impérativement faire cesser la dérive qui menaçait le Kenya d'implosion avec des implications sur ses voisins. Depuis leur poignée de mains, Odinga et Kibaki envoient des messages de réconciliation et prêchent la non-violence exhortant leurs clientèles respectives à éviter les actes de vengeance et à ne pas chercher à se faire justice eux-mêmes. Normalement, d'ici la fin de la semaine, la situation devrait être plus lisible avec le partage du pouvoir. Kibaki tient la présidence mais il devra composer avec Odinga qui a en main le Parlement. Selon l'accord préliminaire parrainé par Annan, ils ont à définir ce partage dans un délai d'un an. Kofi Annan a été mandaté par l'UA après l'échec de la médiation entreprise par le précédent président en exerce de l'organisation panafricaine, le chef de l'Etat Ghanéen. Kofi Annan est également du Ghana. Le Kenya, l'un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière, est plongé depuis plus d'un mois dans l'une de ses pires crises depuis l'indépendance, née de la contestation par l'opposition de la réélection de M. Kibaki. Plus de 1 000 personnes ont été tuées et 250 000 à 300 000 déplacées dans des violences politico-ethniques. D. B.