Le ministre semble n'accorder aucune confiance aux entreprises nationales. Il est désormais «ministre du Logement». Le qualificatif est de taille. Il reflète à quel stade la revendication d'un habitat est sublimée. Nouredine Moussa, invité samedi soir au forum de la Télévision algérienne, a tenté, tant bien que mal, de réponde à la complexe, voire à l'épineuse question du logement en Algérie. Trop de tchatches à ce sujet. Première interrogation: pourquoi les investisseurs étrangers ne se bousculent pas sur les chantiers d'Alger? Une question embarrassante. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme n'a cessé de dire que nos entreprises de BTPH sont «loin de répondre aux normes universellement admises», ou encore: «nos entreprises ne sont pas en mesure de répondre à la gamme qu'offrent nos programmes», a-t-il encore déclaré sur le plateau de l'Entv. Equation difficile à résoudre. D'un côté, seuls 6% de l'ensemble du programme d'un (01) million de logements sont construits par des entreprises étrangères, soit 58.000 logements. De l'autre, le ministre semble n'accorder aucune confiance aux entreprises nationales. Selon Nouredine Moussa, «l'allergie» exprimée par les investisseurs étrangers n'est pas en relation avec les normes urbanistiques et architecturales universellement appliquées. Le manque d'engouement est plutôt lié «à la facturation appliquée sur le marché du logement en Algérie», explique le ministre. C'est donc clair pour lui, «il ne s'agit aucunement d'un défaut de normes qui ne sont pas appliquées en Algérie». Selon le ministre, les 6% d'étrangers travaillant dans le secteur de l'habitat représentent uniquement quelques entreprises chinoises, saoudiennes et égyptiennes. Mais ce chiffre est appelé à être revu à la hausse d'après le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, puisque d'autres constructeurs se sont montrés disponibles à se lancer sur le marché algérien du logement. Nouredine Moussa fait allusion peut-être aux intentions d'investissement affichées par le groupe émirati Emaar, dont la cagnotte s'élève à quelque 5 milliards de dollars. Si l'on se réfère aux statistiques de M.Moussa, 94% des programmes seront construits par des entreprises algériennes, mais celles-ci ne cessent d'encaisser les critiques les plus acerbes de la part du ministre. «Elle sont loin de répondre aux normes universellement admises», «elles ne sont pas en mesure de répondre à la gamme qu'offrent nos programmes», «le pays ne dispose que de 3500 architectes, une main-d'oeuvre peu qualifiée, d'ingénieurs mal encadrés, d'entreprises qui ne sont "célèbres" que par le nom». C'est ainsi que Nouredine Moussa a qualifié nos entreprises, mais qui, néanmoins, sont appelées à assumer la grosse part du marché du million de logements, sachant que seuls 6% seront réalisés par des étrangers. Lors d'un récent entretien avec les journalistes de L'Expression, Nouredine Moussa est allé encore plus loin dans son réquisitoire. Le ministre avait indiqué qu'aujourd'hui, en Algérie, sur l'ensemble des entreprises exerçant dans le secteur du bâtiment, seules 26.000 sont qualifiées. De ce nombre, 6000 entreprises sont classées au niveau 1. C'est-à-dire des entreprises qui, dans la construction, ne peuvent aller au-delà d'un R+4 étages. Mais quelle est donc la solution? L'interrogation demeure intacte à défaut d'arguments convaincants. Car l'on imagine mal un taux de 94% du programme d'un million de logements couvert par des entreprises non performantes. A moins qu'il y ait une autre explication. Parlant justement du programme présidentiel dit d'un million de logements d'ici 2009, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a fait savoir que 429.000 logements ont été déjà livrés en 2007, alors que 540.000 autres sont en cours de construction. L'invité de l'Entv a laissé entendre également que 64% de la cagnotte financière allouée à ce projet ont été déboursés en 2007. Tenu par l'obligation de résultat, M.Mousa sera-t-il au rendez-vous en 2009?