Phénomène encore inconnu en Algérie, voici seulement quelques années, la drogue, sous toutes ses formes, est en passe de devenir un fléau qui ne peut plus être ni ignoré et encore moins minimisé. Devant cette montée en puissance de la pratique de la drogue, la première question qui vient à l'esprit est bien de savoir comment nous en sommes arrivés, en si peu de temps, à cette situation aujourd'hui, pénalisante pour des milliers de personnes, les jeunes singulièrement, qui se sont laissés prendre dans les rets du rêve synthétique. Certes, la malvie, le chômage, la difficulté de s'insérer dans la société peuvent être un angle de lecture du phénomène, mais cela n'explique pas tout. Surtout lorsqu'on sait que le commerce de la drogue est devenu une industrie à l'échelle planétaire qui brasse des milliards de dollars - estimée par M.Sayah à quelque 800 milliards de dollars, annuellement. Pactole qui, à l'évidence, ne laisse pas indifférents les marchands de la mort, d'autant plus qu'ils semblent avoir trouvé dans l'Algérie un terrain favorable à l'expansion de leur trafic avec toutes les retombées que celui-ci peut avoir sur de nombreux jeunes attirés par la certitude d'une richesse rapide synonyme d'ascension sociale. L'argent attire l'argent, outre les dégâts, physiques et moraux, que la drogue a sur les consommateurs. Et le danger est en fait là, lorsqu'on excipe du fait que l'Algérie, terre de transit de la drogue vers les pays européens, tend à devenir elle-même pays consommateur. Ce que le ministre de la Santé, Amar Tou, a souligné dimanche dernier, lorsqu'il a indiqué que la moitié de la drogue qui transite par l'Algérie est «consommée localement». C'est dire que la situation, loin de s'améliorer, s'est plutôt aggravée, alors que même si les pouvoirs publics commencent à prendre conscience de la gravité du phénomène de la drogue, il n'en reste pas moins que peu est encore fait tant dans le domaine de la prévention que dans celui de la lutte contre ce fléau pour espérer le contenir ou l'éradiquer. En ce sens, il n'existe pas en Algérie de politique de prise en charge du phénomène par la mise en place de règlements clairs sur l'usage des drogues licites, pour pouvoir combattre sans rémission les drogues nocives et les narcotrafiquants. De telles règles, outre de permettre de limiter l'accès des jeunes aux drogues dangereuses, permettent aussi de mieux se concentrer sur l'essentiel: la lutte contre les drogues par la mise en oeuvre de moyens humains, matériels, financiers et techniques pour endiguer un phénomène qui a pris ces dernières années des proportions alarmantes dans notre pays. Dans ce contexte, il faut relever l'inexistence de véritables campagnes d'information en direction des jeunes et de la population, tant pour sensibiliser sur le phénomène de la drogue que pour expliquer une donnée, sans doute récente, mais dont la dangerosité pour la santé de tous est réelle. De ce point de vue, l'Etat tout en s'impliquant par la mise en oeuvre d'une politique de prise en charge de ce problème spécifique - dans la lutte contre le fléau de la drogue - doit également, en amont, mettre à la disposition de la jeunesse les moyens de se réaliser par le travail et par la conquête d'une place dans la société, qui sont encore les meilleurs moyens de détourner les jeunes de la consommation de ces substances nocives, et de leur commercialisation qui devient un palliatif à leur marginalisation dans la société. En fait, le problème de la drogue est double, aussi sa solution ne peut se limiter au seul aspect répressif du phénomène.