Alors que tout le monde s'attendait à une forte animation de la scène politique nationale à l'occasion de la prochaine échéance électorale, voilà que les politiques annoncent des retraits en cascade. Les politiques algériens sont-ils désarmés ou ont-ils déposé leur arme? L'une ou l'autre, le constat est le même: ils annoncent leur «retraite politique». L'élection présidentielle approche et le marasme politique s'aggrave. L'urgence est signalée. La fracture citoyens-politiques est devenue une habitude en Algérie. Aucune surprise sur cette question. Les politiques et même les gouvernants reconnaissent cette vérité. Mais la chose surprenante, cette fois-ci, c'est le changement qui caractérise la classe politique avec la chose politique. Alors que tout le monde s'attendait à une forte animation de la scène politique nationale à l'occasion de la prochaine échéance électorale, voilà que les politiques annoncent des retraits en cascade. La classe politique nationale enregistre, ces derniers temps, plusieurs déclarations de forfaits. Le Dr Saïd Sadi, qualifié de militant «infatigable», était le premier à lever le drapeau blanc. Le président du RCD a décidé de «geler toutes les activités politiques de son parti» jusqu'à nouvel ordre. Quelques semaines avant, cette même formation était animée d'une grande volonté à entrer dans la course à El Mouradia. Preuve: le RCD a lié sa participation à deux conditions. Il a revendiqué la présence des observateurs étrangers et l'abolition de la peine de mort. Il a même intensifié son activisme dans ce sens. La première condition a été satisfaite ou presque. L'administration algérienne a envoyé des invitations aux représentants des organisations internationales. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a annoncé que son ministre des Affaires étrangères a déjà engagé des démarches dans ce sens. Quant à la seconde condition, il est à noter que l'Algérie a signé le moratoire de l'ONU contre la peine de mort. En Algérie, cette question a été soumise au débat au niveau de l'APN. La question a été largement débattue, mais le RCD a fini par dire non. Le Dr Sadi s'est retiré, momentanément, de la chose politique! Sur les mêmes traces, le redoutable Réda Malek a aussi déclaré son forfait politique. Il a, de son côté, annoncé son retrait de la vie politique. Motif: la déviation des dirigeants de la ligne politique de l'ANR. Il n'a, toutefois, en aucun cas précisé de quelles déviations il s'agit. L'ancien chef de gouvernement n'a pas annoncé la création d'un autre mouvement politique. Il a préféré, plutôt, mettre fin à sa carrière politique. C'est le cas même de l'ancien président de la République Liamine Zeroual. Ce dernier a rendu publique «sa démission de la vie politique». La désertion du champ politique peut être expliquée, d'abord et avant tout, par l'absence d'hommes politiques sur le terrain. Faire de la politique nécessite le strict minimum de base. Il s'agit de présenter un programme politique, un projet de société, des structures représentatives au niveau du territoire national et des militants qui partagent les idées de leurs leaders politiques. Or, tout cela ne figure presque pas dans les agendas des «partis politiques» algériens. On est habitué à voir «la classe politique» passer à côté de l'actualité nationale. Elle ne sait plus à quelle priorité se consacrer. Elle vit dans l'autre partie de l'iceberg. La crise financière mondiale et la chute des prix du baril, pour ne citer que ces deux graves événements, personne n'en parle. Aucun mot. Aucune déclaration. Aucun commentaire. Et encore moins de solution. Cela se traduit par le fait que les seules «associations à caractère politique», transformées en partis politiques, sont celles qui sont proches du pouvoir et dans lesquelles ce dernier puise ses hommes. Pour ce qui est des justifications annoncées par «ces hommes en retraite politique», elles ne peuvent tenir la route. Au-delà de la fermeture du champ politique national, l'interdiction des meetings et la fermeture des médias lourds devant les courants d'opposition, le militant, le président du parti compris, doit mener le parcours d'un infatigable combattant. Car la chose politique s'arrache. Elle ne s'offre pas. Le politicien, qui croit comme fer à la cause politique dans laquelle il s'est engagé, est appelé à mener une lutte quotidienne. Or, ce n'est pas le cas en Algérie. Alors qu'un grand rendez-vous, -l'élection présidentielle qui décidera de la destinée d'une nation pour cinq ans -, se profile à l'horizon, on assiste à un désengagement politique sans précédent. Doit-on s'engager, ainsi, dans une politique de remise à niveau de cette classe politique? Des mesures politiques conçues par toute la classe politique dans son ensemble s'imposent.