Le débat, encore non tranché de la révision de la Constitution, portera-t-il le coup de grâce aux partis de la mouvance islamiste? Le MSP est la seule formation politique d'obédience islamiste encore à pouvoir se targuer d'avoir une réelle base militante. Elle risque cependant d'hypothéquer son ancrage dans la société algérienne et, par conséquent, de figurer dans le prochain Exécutif. La stratégie adoptée par son chef de file, M.Bouguerra Soltani, risque, en effet, de lui être fatale. Partenaire incontournable de l'Alliance présidentielle, le Mouvement de la société pour la paix ne s'est pas encore prononcé sur la révision de la Constitution, synonyme d'un troisième mandat pour le chef de l'Etat. Cela ne sera pas, de toutes les façons, la première fois que le Mouvement de la société pour la paix aura fait durer ainsi le suspense. En 1999, à l'occasion des élections présidentielles, feu Mahfoud Nahnah avait tardivement apporté son soutien à M.Abdelaziz Bouteflika. En ce qui concerne la prochaine présidentielle d'avril 2009, les deux alliés du MSP n'ont pas fait de mystère quant à leur choix ou à leurs options. Le Front de libération nationale de M.Abdelaziz Belkhadem n'a pas changé de cap. Contre vents et marées, il s'est accroché à sa proposition d'amendement de la loi fondamentale et de l'article 74 qui permettra au président de la République de briguer une troisième magistrature. Le Rassemblement national démocratique n'y voit, lui aussi, aucun inconvénient alors que, rappelons-nous, il y avait émis de sérieuses réticences. M.Ahmed Ouyahia avait, à l'époque, estimé que cela n'était pas une priorité. Le MSP demeure donc le seul parti de l'Alliance présidentielle à ne pas encore s'être décidé. Alors, pour ou contre la révision de la Constitution? Le président du MSP, M.Bouguerra Soltani, semble nous dire «wait and see». La nature, c'est connu, elle a horreur du vide. Ce silence a vite fait d'être comblé. Le FNA de Moussa Touati, après quelques tergiversations, a fini par rejoindre les positions adoptées par le FLN et le RND. Les indépendants y ont foncé tête baissée. Au cours d'une rencontre où étaient présents plusieurs acteurs de la scène politique, dont le secrétaire général du Front de libération nationale, ils ont solennellement apporté leur caution à la révision de la Constitution. Leur soutien à un troisième mandat en faveur de M.Abdelaziz Bouteflika est sans faille. Peut-on estimer, dès lors, que le MSP est hors course? Prendra-t-il alors le train en marche? La débâcle subie par les islamistes, lors des dernières élections mixtes APC-APW avait déjà commencé par donner le «la» d'une nouvelle configuration du champ politique. Elle a pris forme avec, en toile de fond, quelques surprises de taille. Les formations politiques réunies (El Islah et En Nahda) n'avaient pas atteint la barre des 4% des suffrages exprimés. Le courant islamiste s'est retrouvé groggy. Un K.-O. debout. Seul le parti de M.Soltani, le MSP, avait réussi à maintenir, tant bien que mal, la tête hors de l'eau. Même s'il a été relégué à la quatrième place par le petit nouveau, le Front national algérien de Moussa Touati, son score est loin d'être désastreux. Il demeure, toutefois, loin, même très loin de l'objectif que s'est fixé son leader. 30% des APC, avait pronostiqué M.Soltani. Les urnes ne lui ont pas été favorables. 1750 sièges pour les APC contre 1100 en 2002. Ce qui représente 88 communes pour 38 conquises lors du précédent double scrutin. Il n'atteint pas 6% de l'ensemble des 1541 communes que comptent les 48 wilayas du pays. Ce qui peut paraître insignifiant, surtout lorsque l'on a envisagé, comme le président du MSP, M.Soltani, de conquérir le pouvoir en 2012. Se hisser à la tête de l'ensemble des partis politiques. Dans de telles conditions, le projet de société des partis islamistes semble bel et bien compromis. L'appel de M.Bouguerra Soltani du 10 janvier 2008 à l'unité des partis islamistes sonne comme un aveu d'échec d'un entrisme fracassant qui n'a pas donné ses fruits.