Certains pourront aussi s'élever contre cette injustice au nom de la vertu et de l'esprit de la compassion... Chose promise, chose due; tel est le constat que nous avions fait sur les lieux. La wilaya de Tamanrasset, à savoir son directeur de la Maison de la culture, M.Ben Mohamed Mahieddine et l'ensemble de son staff, était au chevet de leur engagement. Après le coup de théâtre qu'ont provoqué les responsables du secteur de la culture de la wilaya d'Illizi pour l'annulation de la représentation de la générale de la pièce théâtrale Fatma du dramaturge M'hamed Benguettaf, en version amazighe, suite à une décision parvenue deux heures avant le départ de la troupe. Un report -ou une annulation- qui n'a pas empêché les responsables du Théâtre national algérien de la reprogrammer une deuxième fois à la wilaya de Tamanrasset, avec la coordination de son directeur de la Maison de la culture. Fatma a triomphé avec son spectacle, elle a fait vibrer de rire les présents aux répliques de la fameuse pièce. Un air de famille a régné. Une aventure qui a permis aux participants d'aiguiser leur sens de l'improvisation. D'après le responsable de la Maison de la culture, «il faut donner à la valeur de la réussite, le crédit de pousser, à ne pas seulement se payer de mots, mais à aller jusqu'à l'action.» «C'est la première fois dans l'histoire qu'on enregistre un engouement pareil de la part des habitants de cette localité, malgré le handicap de la langue qui n'est pas comprise par l'ensemble des présents», a enchaîné M.Ben Mohamed Mahieddine. C'était un rite plutôt que du vrai théâtre, car cette pièce s'adresse au public. Le texte porte un message, une morale, raconte quelque chose de vécu pour le comprendre mieux ou inventer pour faire rêver ou réfléchir. Le public est un des acteurs de la pièce. D'ailleurs, la comédienne l'a affirmé durant la conférence de presse qui a été organisée après le spectacle. «Le public était bon, le rapport était plus fort, le public s'est retrouvé dans l'action comme dans ces théâtres construits sans scène.» Et bien sûr, ces réactions du public ont joué un rôle et ont pu même influencer. L'histoire relate la solitude de la femme qui oeuvre pour surmonter ses obstacles. «A l'heure actuelle, elle n'est pas considérée comme un être ayant des capacités intellectuelles et pouvant avoir des aspirations professionnelles. La femme a un statut social, politique et économique inférieur à celui l'homme pour une même qualification. En dépit de certaines lois existantes sur l'égalité d'éducation et de scolarisation, très peu de femmes exercent un métier. Leur dépendance vis-à-vis de l'homme se situe à tous les niveaux de l'échelle sociale. C'est une campagne de sensibilisation contre la violence conjugale, qu'elle soit psychologique ou physique, ce qui est inacceptable», a expliqué Hamida Aït El Hadj. Ce type de théâtre montre une existence dénuée de sens et met en scène la déraison d'un monde dans lequel l'humanité se perd, il vient réveiller la bête qui sommeille. Certains pourront aussi s'élever contre cette injustice au nom de la vertu et de l'esprit de la compassion... Reste qu'il s'agit d'un texte qui vient fouiller dans les abîmes de l'âme, qui vient puiser aux racines de l'être. Et maintenant que rien n'est plus comme avant, que les temps ont changé et que la femme est réduite à une simple marchandise, l'ordre néolibéral est proclamé. Cette première de Fatma a vu la révélation d'une nouvelle comédienne qui a prouvé son talent. «Razika Ferhane a gagné sa place au théâtre, et le théâtre a gagné une comédienne de talent», a exprimé M.Noual Brahim, conseiller artistique du TNA. Une telle observation permettra de reprendre un dialogue constructif avec l'un des secteurs les plus dynamiques, et une manière d'encourager la nouvelle génération et les hommes responsables et de bonne foi qui reprendront le flambeau de leurs aînés. «C'est un souvenir mémorable, gravé à jamais! Merci également pour les remarquables transformations du décor et les efforts fournis par cette équipe de techniciens...C'est un réel plaisir de jouer sur cette magnifique scène! Et malgré la grandeur de l'événement, la chaleur familiale et l'authenticité restent de mise!», a conclu M.Aït El Hadj.