Ainsi, la conscience se réveille en se demandant si c'est une affaire individuelle ou collective? Fatma a triomphé avec son spectacle, mercredi dernier. Elle a fait rire aux larmes les présents aux répliques des comédiens du Théâtre national algérien de la fameuse pièce de M'hamed Benguettaf et mise en scène par Omar Fetmouche. Un air de famille a régné. Une aventure qui a permis aux participants d'aiguiser leur sens de l'improvisation. Le texte porte un message, une morale, raconte quelque chose de vécu pour le comprendre mieux ou inventer pour faire rêver ou réfléchir. Le public est un des acteurs de la pièce dont le rapport était plus fort, il s'est retrouvé dans l'action comme dans ces théâtres construits sans scène. Et bien sûr, ces réactions du public ont joué un rôle et ont pu même influencer. L'histoire relate la solitude de la femme qui oeuvre pour surmonter ses obstacles. A l'heure actuelle, elle n'est pas considérée comme un être ayant des capacités intellectuelles et pouvant avoir des aspirations professionnelles. La femme a un statut social, politique et économique inférieur à celui de l'homme pour une même qualification. En dépit de certaines lois existantes sur l'égalité d'éducation et de scolarisation, très peu de femmes exercent un métier. Leur dépendance vis-à-vis de l'homme se situe à tous les niveaux de l'échelle sociale. C'est une campagne de sensibilisation contre l'ingratitude à l'égard de la femme. Ce type de théâtre montre une existence dénuée de sens et met en scène la déraison d'un monde dans lequel l'humanité se perd, il vient réveiller la bête qui sommeille. Certains pourront aussi s'élever contre cette injustice au nom de la vertu et de l'esprit de la compassion. Reste qu'il s'agit d'un texte qui vient fouiller dans les abîmes de l'âme, qui vient puiser aux racines de l'être. Et maintenant que rien n'est plus comme avant, que les temps ont changé et que la femme est réduite à une simple marchandise, l'ordre néolibéral est proclamé. Cette énième version de Fatma a vu la révélation d'une nouvelle comédienne qui a prouvé son talent. Zira Thanaslith a gagné sa place au théâtre, et le théâtre a gagné une comédienne de talent. Quant à la troupe de l'association Angham el Hayat Athakafia de Grara dans la wilaya de Ghardaïa, sa participation à cet événement, jeudi dernier, n'est pas fortuite. Puisque, selon leur responsable, sa présence à ce festival, avec la pièce intitulée Thachbirt Neltach de Karim Belhadj et mise en scène de Mustapha Djahlal, est une question de principe, celui de participer à mettre debout ce nouveau-né, et lui donner un caractère mérité. C'est un réel plaisir de jouer sur cette magnifique scène en tamazight avec toutes ses dérivées linguistiques. Ainsi, toute cette chaleur familiale et l'authenticité subsistent de fait. La pièce relate les problèmes de la culture, en ce temps de la mondialisation. Relatant la situation de l'Algérien, affrontant son patrimoine et son histoire... Ainsi, la conscience se réveille en se demandant si c'est une affaire individuelle ou collective? Pourquoi avons-nous du mal à être authentiques? Nous nous rendons également conformes aux règles que le politique et la société nous imposent, ce qui change en partie, voire même entièrement, notre être. Nous nous plions aux vouloirs des autres et n'osons pas nous affirmer si nous nous sentons trop différents. Nous prenons exemple sur des stéréotypes pour nous sentir plus à l'aise, pour nous faire accepter, pour nous insérer dans la masse. Etre soi-même, c'est faire des choix et les assumer. Se montrer comme on est, sans chercher à se camoufler derrière des stéréotypes basés sur le superficiel. Sans savoir sur quel pied danser. Nous avons tous en nous des désirs, des convictions, des besoins et des passions. Arriver à les exprimer et à les mettre sur pied représente un épanouissement et une ouverture d'esprit que peu soupçonnent et que beaucoup n'atteignent malheureusement pas. C'est pourtant l'objectif que nous devrions tous nous fixer: cela peut paraître légèrement égoïste, mais pour se sentir bien, il faut apprendre tout d'abord à s'écouter. Si l'on n'est pas soi-même, on ne peut pas être heureux et épanoui. On se camoufle, on s'étouffe sous un masque. Oui, nous sommes dans la norme, mais nous ne sommes pas vrais, nous ne sommes pas nous. Ce masque ne peut qu'assombrir notre esprit, il faut laisser respirer son être pour trouver la paix en soi, voilà le but à atteindre. Le Théâtre régional de Batna, à son retour, clôture cette journée de jeudi, dans la soirée avec la pièce intitulée Ajammad N'Tarjyyin, de Salim Souhali et mise en scène de Chiba Lahcène. La pièce relate la situation de la jeunesse qui laisse à désirer, et l'horizon leur paraît noirci. Et leur seul recours est de rêver de l'eldorado européen. Ainsi, la fièvre de l'im-migration clandestine ne cesse d'augmenter en degré. Avec les chants, la musique et la danse qui font partie intégrante du spectacle, le jeu est exécuté avec enthousiasme, et laisse la place aux piques et autres parenthèses. Les costumes sont éclatants et insolites. Inspirés de diverses occasions, ces costumes définissent chaque situation du cauchemar dans laquelle chaque spectateur s'est retrouvé: les plus jeunes, les passionnés, les habitués du 4e art et ceux qui étaient là par hasard, peut-être pour la première fois. Ce rêve est revisité par les comédiens qui en font un feu d'artifice de bonne humeur et de rire. Mais le rire et la malice s'insinuent partout dans la pièce. Ainsi, l'auteur a fouillé dans les histoires du terroir pour ajouter une touche artistique, tels les récits historiques, les légendes, les mythologies et les contes populaires. Il n'existe aucun environnement propice à la démocratie sous le régime des sanctions. Vu l'ignorance qui régnait durant, et la destruction de toutes les valeurs de justice, de liberté et d'égalité, l'acteur principal de la société, qui est l'homme, subit encore... Un sentiment terrible, celui d'être rejeté par tout le monde.