La paralysie qui caractérise ce processus a poussé l'Etat à refaire ses calculs. Retour en arrière ou simple modification? Le gouvernement veut revoir sa politique de privatisation. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) s'est tenu, hier, sous la présidence du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Des ministres, des présidents des sociétés de gestion des participations de l'Etat, tous les concernés par le processus étaient convoqués à la réunion. Celle-ci avait pour objectif d'examiner le dossier lourd des 1200 entreprises publiques soumises à la privatisation. Il semblerait que le gouvernement n'a plus confiance en le département de Temmar. Irrité par les maigres résultats enregistrés, le CPE a jugé utile de réévaluer sa copie concernant le lot des entreprises présentées à la privatisation. La paralysie qui caractérise ce processus a poussé l'Etat à revoir ses calculs. Nul n'ignore que le processus en question n'arrive toujours pas à décoller. Lancée depuis 2003, la privatisation des 1200 entités publiques est loin d'atteindre le seuil escompté. Sur les 1200 entreprises, environ 500 ont été partiellement ou totalement liquidées. Les chiffres ne sont même pas fiables. D'ailleurs, le premier responsable du secteur n'en détient pas le nombre exact. Dernièrement, il a annoncé, à partir de Biskra, que 417 entreprises ont été privatisées totalement ou partiellement entre 2003 et 2007. L'opération a permis au Trésor public d'engranger 125 milliards de dinars, outre de préserver 36.530 postes d'emploi. Or, une semaine auparavant, en marge du 3e Forum économique d'Alger, tenu les 20 et 21 janvier derniers, le même ministre a avancé différentes statistiques. Il a affirmé que le nombre d'entreprises privatisées à ce jour est de 500. Aussi, M.Temmar a annoncé que l'opération de privatisation a connu un développement rapide depuis 2005. Il y a eu, selon lui, l'ouverture du capital de 350 entreprises et la programmation de 100 autres à la privatisation durant l'année 2008. Sur ce sujet, le représentant de l'Agence nationale du développement des investissements, Djamel Ziriguine, avait annoncé, pour sa part, que 800 entreprises publiques sont présentées actuellement à une privatisation totale ou partielle. Ces chiffres contradictoires démontrent l'incapacité du département de Temmar à vendre ses produits. Partant de ce constat d'échec, le gouvernement se trouve dans l'obligation d'intervenir pour sauver la situation. Après cinq années d'exercice plat, il ne tolère plus la cadence avec laquelle avance le processus. Et que des entreprises soient bloquées sans aucune perspective. Devant l'absence de preneurs, les pouvoirs publics décident de reprendre les choses en main. Au cours de la réunion d'hier, le Conseil des participations de l'Etat a dû, vraisemblablement, trancher l'avenir des entreprises publiques. Il a été décidé de récupérer un bon nombre d'entreprises au profit des secteurs concernés. Désormais, elles seront sous la tutelle des portefeuilles de l'Etat. Ainsi, M.Temmar, chargé du dossier des privatisations, ne sera plus le seul décideur. L'Etat veut, certainement, rectifier le tir. «Le fait que l'Etat décide de reprendre les entreprises publiques est une bonne chose», a affirmé M.Takjout, député du Parti des travailleurs, qui a toujours dénoncé ce processus. «Nous voulons que le processus de privatisation soit complètement arrêté, car il y va de l'avenir de notre nation», a affirmé M.Taâzibt. Pour preuve, dit-il, l'expérience a démontré l'échec du processus de privatisation. Notre interlocuteur est convaincu que les entreprises peuvent être très importantes dans le développement du tissu industriel du pays.