Le processus des privatisations est « une gigantesque gabegie », estime la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. Selon elle, ce processus, appliqué depuis plus de 10 ans, a été fait sans bilan, sans suivi et sans contrôle. « Le comité de suivi de la privatisation ne s'est jamais réuni », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Critiquant la politique de bradage des entreprises, Mme Hanoune s'est montrée, toutefois, satisfaite de « l'autocritique » faite par le président Bouteflika, de la décision du gouvernement de revoir sa stratégie concernant la privatisation ainsi que de l'introduction du droit de préemption. Elle plaide, dans ce sens, pour l'annulation de la loi consacrant la privatisation (01-04) et le Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui est, selon elle, « un Etat dans l'Etat ». « Il faut renforcer le rôle de l'Etat dans le suivi et le contrôle », lance-t-elle en critiquant « l'implantation du groupe français Lafarge en Algérie et la gestion de l'aéroport international par l'entreprise française ADP ». La loi domaniale, la loi d'orientation agricole et la levée du monopole de Naftal sur le marché des produits pétroliers s'inscrivent, selon elle, dans la même « logique de bradage et de mise en danger de la souveraineté nationale ». « Il faut annuler la loi domaniale. Il n'existe pas un Etat sans biens domaniaux. La première décision devant être prise dans le cadre de la révision de la stratégie du gouvernement est l'annulation de cette loi scélérate », précise-t-elle, en annonçant que le PT a déjà lancé une campagne de collecte de signatures pour exiger le retrait de la loi en question. Pour mobiliser encore plus de personnes, Mme Hanoune veut impliquer l'UGTA dans cette campagne afin d'imposer les réformes visées. Qui est responsable de l'échec assumé par les pouvoirs publics ? Pour Mme Hanoune, plusieurs institutions ont une part de responsabilité, à commencer par le Parlement et la Télévision qui n'ouvrent pas de débats publics sur ce genre de questions. « Les rapports adressés par certains ministres au président de la République ne traduisent par la réalité », dit-elle en soulignant son désaccord avec Abdelaziz Bouteflika concernant son jugement sur les jeunes. « Je ne suis pas d'accord avec le Président quand il dit que nos jeunes ne veulent travailler que comme veilleurs de nuit. Ce n'est pas vrai. Si ces jeunes avaient des postes d'emploi, ils ne risqueraient pas leur vie en mer », rétorque-t-elle. L'oratrice fustige également les autorités en raison du traitement réservé aux enseignants contractuels. Elle affiche, en outre, l'opposition de son parti à la dernière taxe imposée à chaque citoyen qui achète une voiture neuve.