Depuis 2003, les travailleurs grévistes refusent la privatisation de leur unité. Les 519 travailleurs de l'unité PAF (Profilé à froid), relevant de l'entreprise Tubprofil (1050 employés) filiale du groupe Anabib, font le pied de grue depuis samedi dans la totale indifférence des décideurs, lesquels les avaient déjà superbement ignorés lors des négociations pour la privatisation de leur unité par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). La décision de privatisation, datant du 1er avril 2007, n'a pas été, il faut le dire, accueillie de gaieté de coeur comme aurait pu l'être une farce du 1er avril, mais plutôt par un mouvement contestataire soutenu. Epistolaire et de contacts d'abord, il débouchera sur une grève «illimitée jusqu'à l'annulation de la privatisation» décidée par le CPE lors de sa 76e session. Une tourné sur le site a permis, hier, de constater la poursuite de la grève observée par les employés de l'unité, soutenus par nombre de représentants de travailleurs de différentes unités de Sonacome, nombreuses dans la zone industrielle de Réghaïa où est implantée l'unité PAF. Apostrophé par nos soins, le secrétaire général de la section syndicale de l'unité, Mohamed Tariaki, s'est élevé contre ce qu'il appelle une «marginalisation» pure et simple des travailleurs de l'unité d'Anabib. Ceux-ci se réclament d'un Etat de droit dans le respect et l'application des résolutions du CPE (n° 6 du 4 juillet 2004) qui «donnent le droit à la participation du partenaire social» dans tout processus de privatisation. Expliquant les raisons de ce mouvement de protestation, M.Tariaki montre son étonnement et son désarroi devant cette «grave» décision et dénonce le «manque de lucidité des décideurs». Pour ce faire, il met en avant la bonne santé financière de l'entreprise, «fleuron africain du profilé à froid, unique dans le continent lors de sa création en 1975.» a-t-il affirmé. «Comment peut-on privatiser une entreprise bénéficiaire et non déstructurée qui distribue chaque mois à ses travailleurs une prime de rendement collectif (PRC) équivalante à 35% du salaire mensuel?» s'interroge-t-il. Il retrace la lutte contre ce «fait accompli» en rappelant les différentes étapes dont la première date de 2003. Des échos, de simples rumeurs sur la privatisation circulaient alors. Une déclaration écrite adressée aux décideurs au plus haut niveau avait dénoncé à cor et à cri ce projet latent. L'an 2004 (juillet) avait vu la réception d'une résolution, «non respectée», du CPE préconisant aux SGP le dialogue avec le partenaire social et les travailleurs en matière, entre autres, l'ouverture de capital et de privatisation en «les informant et en recueillant leur avis et la position du partenaire social sur les processus de privatisation.» En septembre 2006, d'autres rumeurs de privatisation parviennent au sein des travailleurs incitant la rédaction d'une déclaration «rejetant la privatisation de l'unité PAF» pendant que le partenaire social était marginalisé pour aboutir au «poisson d'avril 2007» de mauvais goût. Le président-directeur général d'Anabib, qui, selon Tariaki, se dit «satisfait du rendement des travailleurs avec lesquels il ne souffre d'aucun conflit particulier» ne peut intervenir pour mettre le holà à cette situation pour le moins scabreuse, selon notre interlocuteur. Pour rappel, le CPE a tenu, lundi 1er avril, sa 76e session sous la présidence du chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem. Le CPE avait «donné son accord» pour une série d'opérations de privatisation d'entreprises et de cessions d'actifs, dont la privatisation de Tubprofil du groupe Anabib.