La famille Boutache est décidée à se battre pour connaître la vérité sur la mort de son fils Azzedine. En se présentant à l'hôpital Khelil Amrane de Béjaïa, les membres de la famille Boutache ignoraient que leur fils, souffrant de douleurs abdominales, une constipation et des difficultés à uriner, allait y laisser la vie. C'est le drame vécu en ce mois de février par cette famille. Aujourd'hui, elle est décidée à se battre pour connaître la vérité et, surtout, pour que «ces pratiques cessent à jamais dans nos hôpitaux», déclare Athmane, le jeune frère du défunt qui nous a rendu visite. Muni d'un rapport, dont nous détenons une copie, adressé au nom de la famille à la direction de l'hôpital, Athmane précise d'emblée que «leur frère et fils, Azzedine, âgé de 37 ans, est décédé le 2 février, à l'hôpital Khelil Amrane de Béjaïa des suites d'une mauvaise prise en charge due à un retard dans l'intervention chirurgicale qu'il ne subira d'ailleurs jamais». A la suite d'une consultation chez un médecin privé et sur les conseils de ce dernier, «nous nous sommes rendus à l'hôpital. Sur place, nous avons eu droit à un examen. Les analyses ont conclu à l'hospitalisation», a-t-il ajouté. Ausculté le lendemain, le médecin chargé du service décide d'une intervention chirurgicale. «Toutes les échographies et analyses effectuées sur le malade confirment l'urgence de l'intervention», affirmait Athmane, encore sous le choc. Alors que la famille s'attendait à une intervention d'urgence après ce qu'ont révélé les analyses, commencèrent les tergiversations. L'opération sera finalement programmée pour le 26 janvier, est-il écrit dans le rapport. La famille Boutache ne sera pas pour autant au bout de ses peines puisque, par manque d'une substance anesthésiante, les médecins du service chirurgie ajournent l'intervention. Produit disponible mais en petites quantités confirme-t-on au niveau de l'hôpital, en précisant qu'il est réservé uniquement aux cas urgents. «Le cas de mon frère n'est-il pas urgent?» s'est interrogé Athmane. En effet, on avait estimé que le cas de Azzedine pouvait attendre. Un rendez-vous sera fixé à la famille pour le 2 février tout en la priant de reprendre le malade à la maison et de le ramener le jour de l'intervention. La veille de sa réadmission, Azzedine est transféré en urgence à l'hôpital par ses proches. Il ne sera pas pour autant admis puisque après avoir reçu quelques soins, il est invité à rejoindre son domicile, bien que dans l'après-midi même il devait être admis en chirurgie, conformément au rendez-vous fixé. «La famille insistera longtemps pour que leur malade soit gardé, en vain», raconte Athmane. Le malade sera admis dans l'après-midi du même jour, comme prévu initialement. L'état du malade commence alors à se dégrader d'heure en heure. Il rendra l'âme quelques heures après au service de réanimation. Outre la constitution d'une commission d'enquête interne, la famille Boutache a saisi la direction de la santé de la wilaya. Elle a, par ailleurs, déposé plainte auprès de la justice. La recherche de la vérité, la part de responsabilité de tous ceux qui ont eu à intervenir dans la cas de Azzedine, sont autant de raisons qui motivent la famille. «Nous savons que nous n'allons pas récupérer Azzedine, Allah Yarhamou, mais nous voulons que ces pratiques cessent à jamais dans nos hôpitaux et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la vérité éclate», conclut Athmane, le frère du défunt Azzedine.