Le défunt, 37 ans, a rendu l'âme le 2 février à l'hôpital Khelil Amrane de Béjaïa, après une prise en charge hospitalière pour le moins chaotique qui l'a vu transiter plusieurs fois par les services de la structure dans l'attente d'une intervention chirurgicale qui finalement n'a pas eu lieu. Béjaïa. De notre bureau Selon le rapport adressé par la famille à la direction de l'hôpital, Azzedine Boutache, souffrant de douleurs abdominales, une constipation et des difficultés à uriner, s'est rendu à l'hôpital une première fois le 20 janvier dernier après orientation d'un médecin privé qu'il venait de consulter. Un examen et des analyses sont, sur place, effectués par les services de l'hôpital qui finalement optèrent pour garder le malade en médecine interne et pour être ausculté le lendemain par le médecin chargé du service. Ce dernier demandera une échographie à l'issue de laquelle les membres de la famille furent informés de l'impératif d'une intervention chirurgicale. Une autre échographie, réalisée au troisième jour de l'admission, confirmera la nécessité de procéder à l'intervention, mais aucune date ne sera communiquée aux membres de la famille, selon le rapport. Par ailleurs, la décision de faire sortir le malade de l'hôpital leur sera annoncée avant que les médecins ne se rétractent et décident enfin de le garder. « Le lendemain, voyant que les choses continuaient à traîner, nous avons décidé de prendre le malade à Alger, et c'est à ce moment que l'on nous informe enfin que l'opération était programmée pour le 26 janvier », poursuit-on dans le document. Le jour de l'intervention arrive enfin, mais l'insuffisance d'une substance entrant dans la composition de l'anesthésie (Protoxyde d'azote) sera évoquée par les médecins du service chirurgie des viscères pour ajourner l'intervention. « manque d'anesthésiant » Le produit est en effet en manque à l'hôpital, comme nous le confirmera son directeur, et il est uniquement réservé aux interventions à caractère d'urgence. On aura donc jugé que l'acte chirurgical concernant le cas de Boutache Azzedine pouvait attendre. C'est ce qui a été décidé puisque un nouveau rendez-vous pour l'intervention, le 2 février, a été communiqué à la famille qui a été priée de faire rentrer le malade chez lui, en attendant la date de l'opération, « alors que son état continuait à se détériorer », est-il précisé dans la requête de la famille Boutache. Quelques jours plus tard, soit la veille de la date prévue pour son admission préopératoire, il sera d'ailleurs transféré à nouveau en catastrophe à l'hôpital par ses proches qui furent une nouvelle fois invités à le ressortir après des soins reçus au service des urgences. « Alors que les souffrances de Azzedine ne s'étaient pas atténuées, nous avons insisté sur le fait que dans l'après-midi même il devait être admis en chirurgie pour l'intervention. Rien n'y fit », est-il noté encore dans le rapport. Dans l'après-midi, le malade est enfin admis et le lendemain un nouvel examen des urines révélera une sérieuse insuffisance rénale qui nécessita son transfert au service d'hémodialyse. La dialyse n'arrangera rien, et les pires souffrances saisirent le malade (vomissements de matières fécales) qui rendra l'âme quelques moments plus tard au service de réanimation. M. Riane, le directeur de l'hôpital, nous a confirmé la constitution d'une commission d'enquête interne qui a déjà commencé les auditions pour déterminer les responsabilités. La famille Boutache a par ailleurs transmis la même requête à la direction de la santé de la wilaya, de même qu'elle a déposé plainte auprès de la justice.