Les augmentations de salaires tardent à venir. La centrale syndicale pointe du doigt la Dgfp. L'Union générale des travailleurs algériens vit-elle sur une autre planète? A-t-elle mis le fer au feu là où il ne faut pas? En effet, au moment où la contestation se fait de plus en grandissante, au moment où les syndicats autonomes de la Fonction publique rejettent en bloc la nouvelle grille des salaires, voilà que la Centrale syndicale monte au créneau pour sa mise en application en urgence. Elle met en cause la direction générale de la Fonction publique. C'est de la faute de cette dernière si la finalisation des statuts particuliers n'a pas encore connu son épilogue. M.Abdelaziz Belkhadem s'est saisi de l'affaire. Le chef du gouvernement aurait instruit les services concernés de la direction générale de la Fonction publique d'accélérer la cadence. Car point de statuts particuliers, point d'augmentation. Et lorsque l'on sait que la direction générale de la Fonction publique dépend désormais des services de la présidence de la République, on peut d'ores et déjà s'imaginer quel type de proportion peut prendre cette affaire. Et pourtant, au mois de décembre 2007, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens, M.Abdelmadjid Sidi-Saïd avait adopté un ton plutôt optimiste. A propos de l'élaboration des statuts particuliers de la Fonction publique, il avait indigné qu'«ils avançaient correctement et nous avons achevé près de 60% de ce travail». C'était à la veille des fêtes de Noël, en marge d'une réunion de la commission exécutive de la Fédération nationale des industries électriques et gazières. Il y a donc tout juste deux mois, l'Ugta et la Dgfp semblaient tirer la charrue dans le même sens. Le sillon tracé se dirigeait dans une seule direction. Commentant une réunion qui s'est tenue le mois de décembre de l'année écoulée entre l'Ugta et la Dgfp, le secrétaire général de la Centrale syndicale avait précisé qu'elle avait porté sur le statut des corps communs. Il avait ajouté en substance: «Il sera finalisé le plus tôt possible.» Les deux partenaires semblaient a priori au diapason. M.Djamel Kharchi, directeur général de la Fonction publique, avait indiqué à ce sujet que «ce statut est en cours de finalisation et sera adopté en janvier 2008». Tout paraissait donc se dérouler pour le mieux. Sur quoi donc les travaux ont-ils achoppé? Que s'est-il donc passé pour que les locataires de l'ex-Foyer Civique prennent en grippe la direction générale de la Fonction publique? La contestation qui fait de plus en plus rage pourrait être un des éléments de réponse à cette question. Il ne faut cependant pas perdre de vue que le XIe congrès de l'Ugta se tiendra au mois de mars prochain. La bataille risque d'être féroce. Sidi-Saïd qui devrait briguer un autre mandat ne doit pas arriver les mains vides. «Nous marcherons soudés au prochain congrès pour en sortir renforcés et avec des perspectives», avait clamé au début du mois de janvier 2005, depuis Aïn Témouchent, le secrétaire général de l'Ugta. Ce qui retient l'attention toutefois, dans l'allocution prononcée à l'époque par Sidi-Saïd, c'est cette sorte de bilan qu'il avait fait de ses négociations avec les gouvernements successifs concernant le nouveau statut de la Fonction publique. Il avait, en effet, rappelé que «l'Ugta a réclamé sa révision dès 1990 et a déposé un projet de loi en 2000 pour parvenir finalement à son adoption à 90% des propositions au cours de l'année 2006». Sidi-Saïd s'est-il senti trahi? Toutes ces lenteurs qui ressemblent à des obstacles ne travaillent pas, en effet, en sa faveur. Sur le terrain des luttes syndicales, l'Ugta est en perte de vitesse. Les syndicats autonomes de la Fonction publique sont devenus pratiquement incontournables et sont à l'opposé de la position défendue par l'Ugta. Ils veulent d'autres négociations concernant leur statut. Faut-il considérer que le «nouveau-né» est voué à une mort certaine? Les actuelles augmentations de salaires prennent une allure authentiquement kafkaïenne. Dans tout ce brouillamini, le fonctionnaire algérien patiente. L'accouchement risque de se faire au forceps. «Soeur Anne, ne vois-tu rien venir?» «Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie», répondit-elle. Le citoyen algérien est dans le même cas.