Ces deux clubs s'attendent à un mois de mars de tous les dangers. Cela faisait bien longtemps qu'on n'avait pas vu un tel scénario dans le championnat de France. Le roi Lyon est, enfin, menacé par la rébellion de ses vassaux. L'an dernier à la même époque, l'équipe rhodanienne régnait sans partage dans son royaume de la Ligue 1. Avec 13 points d'avance sur son dauphin lensois, l'OL filait tranquillement vers son sixième titre de champion de France. Aujourd'hui, la route menant au septième est nettement plus ardue et semée d'embûches. Dépourvue de ses plus fidèles serviteurs (Malouda, Abidal, Wiltord, Tiago et Diarra), partis à la conquête d'autres terres, l'armée lyonnaise ne fait plus aussi peur qu'auparavant et s'apprête à disputer plusieurs batailles qui pourraient bien la faire chuter de son trône et profiter aux Bordelais, postés en embuscade. En effet, s'il ne sera pas irréversible, le sort du championnat pourrait bien basculer durant le prochain mois de mars. Pendant ces trente et un jours à venir, Lyon sera amené à disperser ses forces dans deux champs de bataille chers à son coeur: le championnat, bien évidemment, mais surtout la Ligue des Champions. C'est, d'ailleurs, cette dernière qui pourrait influer grandement sur la fin de parcours de la formation de Jean-Michel Aulas. La lutte face à Manchester United, roi d'Angleterre, s'annonce plus qu'engagée et quoi qu'il arrive, qualification ou non, les forces lyonnaises seront forcément amoindries. Or, c'est à ce moment-là que tenteront de lui porter le coup de grâce les Girondins dont l'ambition de titre éclate désormais au grand jour. Néanmoins, si les chevaliers de Laurent Blanc veulent harponner la garde royale lyonnaise, ils devront également faire preuve de bravoure. En effet, s'ils désirent décrocher le Graal en mai prochain, les Bordelais savent qu'il leur faut avant toute chose rester au contact des hommes du prince Juninho. Pour cela, ils devront donc se défaire successivement de Lillois et de Parisiens qui paraissent moins bien armés, mais qui savent tirer leur épingle du jeu, comme le confirme le statut de deuxième meilleure équipe à l'extérieur de Paris. De son côté, après sa première joute face aux Mancuniens, Lyon aura sans doute l'occasion de faire tourner les rangs lors de la réception du condamné messin avant de se déplacer à Lille. Si les deux équipes parviennent à se défaire de ces pièges, le tournant du championnat pourrait avoir lieu durant la semaine du 3 au 9 mars lors de laquelle l'OL va disputer le match retour contre United (le 4 mars), quatre jours avant d'accueillir dans son antre de Gerland une formation de Bordeaux qui comptera sûrement sur son chevalier blanc, Fernando Cavenaghi, pour faire céder le rempart des Gones. Ce dernier ne cache plus d'ailleurs son envie de renverser le trône, comme il l'a confié au messager du Parisien: «On a envie d'être champions.» Si les serviteurs du scapulaire paraissent soudés et armés pour relever ce défi, les Lyonnais devront, quant à eux, retrouver leur esprit de groupe qui faisait jadis leur force. Après la vague massive de départs de cadres de l'équipe, les compagnons de route de Juni semblent s'appuyer trop souvent sur des individualités et le paient cher quand des hommes comme Benzema, Ben Arfa ou Juninho ne jouent pas. En atteste la nouvelle déconvenue subie en terre mancelle (défaite 0-1) où le choix d'Alain Perrin de préserver Karim Benzema s'est avéré déterminant. De plus, à l'heure d'affronter un mois crucial, JMA vient d'asséner un coup au foie de Perrin en remettant en cause sa gestion des hommes. «Lorsqu'une équipe comme l'Olympique Lyonnais perd un certain nombre de matches, cela prend des proportions incroyables. J'ai rappelé à l'entraîneur qu'hier, on avait beaucoup de joueurs qui ne jouaient pas à leur poste de prédilection. J'aurais préféré une équipe type contre Le Mans et que les joueurs soient au meilleur de leur forme.» L'ancien coach marseillais et ses hommes devront donc faire bloc d'autant qu'après cette terrible semaine où ils affronteront Bordeaux et MU, le calendrier ne les épargnera pas avec un déplacement à Monaco (15 mars), qui croit encore en une place européenne, et la réception d'un PSG (22 mars) bien décidé à prendre sa revanche sur des Lyonnais victorieux d'extrême justesse l'an dernier en championnat ainsi qu'en coupe de la Ligue. De son côté, Bordeaux aura une marge de manoeuvre plus large face à Strasbourg et Valenciennes, mais en cas de sans-faute, les Marines et Blanc devront confirmer face à Nancy (30 mars). Malgré des températures hivernales, le mois de mars s'annonce des plus chauds sur les pelouses de ligue 1 et on pourrait bien assister à un début de passation de pouvoir, même si la réaction d'un Lyon blessé est à prévoir. Non, le lion n'est pas encore mort ce soir.