Les vendeurs d'engrais saisissent l'occasion de l'approche de la saison des semences pour augmenter les tarifs. Les spéculateurs continuent à gangrener le secteur de l'agriculture en Algérie. Après avoir provoqué l'augmentation des tarifs des différents produits agricoles, les voilà, une nouvelle fois, monopolisant, comme bon leur semble, le prix des engrais. Profitant de l'assemblée générale, organisée hier à la Chambre nationale de l'agriculture (CNA), à Alger, les secrétaires généraux des chambres régionales de l'agriculture sont montés au créneau. «Les vendeurs des engrais en gros, saisissent l'occasion de l'approche de la saison des semences pour augmenter les tarifs» s'insurge le secrétaire général de la Chambre de commerce de Aïn Defla. Ce dernier estime que le prix des engrais a augmenté de 1200DA, en l'espace seulement d'une année. «On laisse les agriculteurs déblayer le terrain, acheter la semence pour venir nous annoncer que le prix des engrais a augmenté», estime le responsable de la Chambre d'agriculture de Aïn Defla. Mais cet appel est apparemment passé inaperçu puisque le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, qui a assisté à l'assemblée générale de la CNA n'a pas soufflé mot concernant cette affaire. Tout porte à croire que ce n'est pas demain la veille que les déboires des agriculteurs face aux spéculateurs, se tariront. Par ailleurs, d'autres secrétaires généraux des Chambres régionales d'agriculture ont carrément appelé le premier responsable du secteur à augmenter la cagnotte réservée aux subventions afférentes au lait. Estimant insuffisantes les subventions actuelles, qui sont de l'ordre de 15DA, les responsables régionaux de l'agriculture appellent la tutelle à les augmenter jusqu'à 25DA. Là encore, Saïd Barkat a estimé bon d'en faire le point, se contentant de souligner que le sachet de lait, acheté par le citoyen à 25DA, revient à l'Etat à 44DA. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, avec l'optimisme démesuré qu'on lui connaît, a indiqué que sous peu l'Algérie atteindra son autosuffisance alimentaire. «Dans quelque temps, nous produirons nous-mêmes ce que nous consommons en matière de produits agricole», affirme Saïd Barkat. Et paradoxalement, ce même responsable estime que le budget accordé annuellement à son département demeure en deçà des exigences du secteur. «En l'espace de six ans, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural n'a eu droit qu'à 360 milliards de dinars, de l'ensemble des lois de finances adoptées jusqu'à ce jour, soit un taux estimé entre 2% et 3% du budget inscrit dans la loi de finances», a indiqué le ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Mais le mal du secteur ne réside pas tant dans le budget annuel alloué, que dans la piètre gestion qui le gangrène.