L'Algérie consomme annuellement 1260.000 tonnes, dont 60% de sucre blanc et 40% de sucre roux, destiné au raffinage. L'augmentation vertigineuse des prix du sucre, au lendemain de l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne a suscité à la fois indignation et crainte chez les consommateurs. Les autorités concernées, quant à elles, se sont précipitées pour calmer le jeu en promettant que les tarifs iront à la baisse. Une commission d'enquête a été mise en place par le gouvernement pour faire toute la lumière sur cette affaire. «Il y a eu un surstockage», a indiqué le directeur général des Douanes algériennes, M.Sid Ali Lebib, hier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Le DG de cette institution douanière a déclaré que le premier contingent de 50.000 tonnes de sucre importé, au lendemain de l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne, a été épuisé deux jours après. Donc l'augmentation des prix du sucre de 35 à 50 DA n'a été en fait que le résultat d'une spéculation menée en grande pompe. L'approche du mois sacré du Ramadan aidant, il semble qu'une véritable opération de spéculation a été montée pour provoquer une hausse artificielle des prix du sucre sur le marché local. Il y a lieu de souligner que «la pénurie» de ce produit a vu le jour au lendemain d'une information véhiculée par les médias faisant état d'une importante chute des prix du sucre avec l'entrée en vigueur de l'accord d'association Algérie-UE. C'est le contraire qui s'est produit à peine quelques jours après. La commission gouvernementale qui enquête sur cet épisode quelque peu opaque, devrait lever le voile sur une opération qui a induit de gros bénéfices à ses initiateurs. Deux mois après cette affaire qui a défrayé la chronique, les prix n'ont diminué que de 10 dinars. Le directeur général des Douanes algériennes, sans pour autant donner le moindre indice sur la date de l'annonce des résultats de la commission d'enquête, a indiqué que l'accord d'association avec l'UE n'y est pour rien. Il convient de souligner que le quota de sucre importé de l'UE a été fixé seulement à 150.000 tonnes. Il fait partie des produits contingentés et les conditions de son importation sont fixées sous la forme Fifo (First In-First On, ou Premier venant-Premier servi). Sid Ali Lebib a tenu à rappeler, en sus, que l'Algérie consomme annuellement 1260.000 tonnes; 60% concernent le sucre blanc et 40% le sucre roux, destiné au raffinage. Concernant le taux des importations de l'UE depuis l'entrée en application de l'accord d'association, le directeur général des douanes algériennes a indiqué qu'il a reculé. «Au moment où les importations de l'Algérie sont en hausse de 2%, comparativement à l'année dernière, celles originaires de l'Union européenne sont en baisse». En langage de statistiques, M.Lebib a indiqué que les importations globales de l'Algérie ont atteint les 3 milliards de dollars. Paradoxalement, les importations de l'UE sont passées de 1600.000 dollars en 2004 à 1500.000 dollars en septembre 2005. Même cas pour les exportations de l'Algérie vers les pays de l'Union européenne. Ainsi, ces taux ont sensiblement diminué de 26% par rapport à l'année 2004. Après avoir été de 113 millions de dollars en octobre 2004, les exportations ont chuté à 83 millions de dollars. Quant au taux de l'exportation vers les autres régions du monde, une augmentation de 3,5% a été enregistrée jusqu'au mois dernier. Au sujet des recettes douanières engrangées, le directeur général des Douanes a indiqué qu'elles ne cessent d'enregistrer des résultats satisfaisants. Aussi M.Sid Ali Lebib a souligné qu'avec les réformes introduites dans le système douanier, les choses s'amélioreront encore davantage. Cependant, «il faut mettre à la disposition de cette institution, un peu plus de moyens; cela compte tenu de la modernisation de ses moyens». Tout en déclarant que l'institution qu'il dirige a enregistré des résultats encourageants, notamment dans la cadre de la lutte contre la contrebande, Sid Ali Lebib a néanmoins reconnu qu'il existe encore quelques insuffisances et carences. Quelles sont ces carences? Sid Ali Lebib parle du problème de la corruption qui continue encore de ronger cette institution, à l'instar de tous les secteurs de l'Etat. «Nous sommes dans une société évolutive. Il y a eu une mauvaise gestion du service public. Certains secteurs sont sérieusement atteints, il faut donc que tout le monde s'implique pour lutter activement contre ce fléau dévastateur.» Par ailleurs, au sujet de la lutte contre la contrebande, le DG des Douanes n'a pas manqué l'occasion de souligner que ses services ont procédé à la saisie de 50 conteneurs de produits pyrotechniques. Le coût de cette quantité est, selon M.Lebib, de l'ordre de 200 milliards de centimes. Toutefois, l'invité de la Chaîne III a souligné que cette lutte ne sera plus efficace qu'avec l'implication des autres institutions, à l'instar de la Gendarmerie nationale qui est appelée à redoubler d'efforts afin d'arriver à bout des trafics de tout genre.