Ils veulent lever le voile qui couvre les crimes de guerre perpétrés par la France en Algérie. Une reconnaissance officielle des crimes perpétrés par la France en Algérie durant la période coloniale est nécessaire. Cet appel a été lancé par les participants au colloque sur la colonisation qui s'est déroulé jeudi dernier à Paris, au siège du Sénat. Cette rencontre intervient au moment où la glorification du passé colonial ressurgit ces dernières années dans la vie politique et sociale de la France. A titre d'exemple, la loi décriée du 23 février 2005, ou encore la multiplication dans le sud de la France de stèles et monuments glorifiant la période coloniale en Algérie. De nombreux intervenants à ce colloque, organisé dans le cadre de la «Semaine anticoloniale» ont soulevé la nécessité de lever le voile qui couvre ces crimes de guerre. Ainsi, l'historien Gilles Manceron a appelé tous les historiens à entreprendre des «croisements de recherche à l'échelle internationale». Il n'a pas manqué de saisir la société civile dans toutes ses composantes à «exercer des pressions sur les autorités publiques pour qu'elles reconnaissent le passé colonial de la France et ses crimes contre l'humanité». Pour lui, il s'agit d'entreprendre des actions contre la pratique de la torture durant la guerre de Libération nationale. De son côté, Marcel Dorigny, professeur d'histoire à l'Université Paris 8, a évoqué le thème de l'esclavage, «une pratique légale, administrée et fiscalisée» par la France qui «a foulé le premier article de la déclaration des droits de l'homme proclamant que les hommes naissent libres et égaux». Pour sa part, Henri Pouillot, historien et membre du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), il est également l'auteur d'un livre sur la pratique de la torture durant la guerre de Libération nationale, a appelé à l'institution en France «d'une journée nationale consacrée à la mémoire des victimes du colonialisme d'hier et à la lutte contre le colonialisme d‘aujourd'hui». Il a proposé qu'un «débat soit lancé pour rechercher la meilleure solution de combattre toutes les résurgences du colonialisme, dont le racisme», sans toutefois «tomber dans la guerre des mémoires, ni hiérarchiser les victimes des différents crimes». Pour rappel, cette proposition intervient au moment où l'idée annoncée par le président français Nicolas Sarkozy de faire porter aux écoliers la mémoire d'un enfant juif victime de la Shoah, suscite de nombreuses réactions de la part de la classe politique et de l'opinion publique. Selon un sondage effectué par le Journal du dimanche et mis en ligne sur son site, huit Français sur dix rejettent l'idée du président Sarkozy. En fait, 85% des personnes interrogées désapprouvent cette proposition de perpétuer, au cours de l'année scolaire, la mémoire d'un des 11.500 enfants juifs tués.