Après le foncier dilapidé par la grâce d'accointances politiques et de passe-droits, les documents administratifs sont devenus un joujou manipulé à satiété par une faune de faussaires sans scrupules. Cartes grises, cartes nationales d'identité, permis de conduire, passeports et visas sont maintenant des denrées, objet de transactions. Les services de sécurité dans leur lutte contre cette forme de criminalité ont réussi, depuis le début juin, à démanteler pas moins de 6 bandes de faussaires spécialisés dans les trafics de tous genres. Ces groupes étendaient leurs activités à l'ensemble du territoire national, ce qui démontre que, profitant de la crise que connaît le pays, ils ont pu agir à visage découvert pour satisfaire une demande importante. Au début du mois de juin dernier, les éléments de la sûreté urbaine, après une enquête minutieuse, ont réussi à annihiler un dangereux groupe de faussaires spécialisés dans la falsification des actes de vente, permis de conduire, cartes grises, cartes nationales d'identité et passeports. Cette bande, qui activait dans la région de Bousfer, Aïn El-Turck et Gdyel, ne reculait devant rien pour protéger son trafic juteux. Un autre groupe spécialisé dans la falsification des visas Schengen est «tombé» presque dans la même période. Ces malfaiteurs usaient de tous les ingrédients pour «retoucher» des visas, des plaques d'immatriculation et des numéros de châssis de véhicules volés et des documents divers. Leur terrain d'action, qui couvrait toute la wilaya d'Oran, avait des ramifications, à Mascara et s'étendait jusqu'aux portes de la capitale. Le mois d'août a vu aussi le démantèlement de groupes de faussaires toujours spécialisés dans le trafic de divers documents. Le dénommé S.M., actuellement incarcéré à Relizane et impliqué dans d'autres affaires, était à la tête d'un groupe, composé de 11 individus, pris dernièrement dans la nasse de policiers. Ce malfaiteur avait, en compagnie de son frère, constitué un groupe spécialisé dans le faux et usage de faux, le trafic de documents administratifs et escroquerie en tout genre. Le duo avait réussi à «essaimer» son champ d'action pour toucher des régions comme la capitale, la wilaya de Djelfa ou encore M'sila. Au moment de leur arrestation, les éléments du groupe ont été trouvés en possession de cachets officiels des APC de Mascara, Mohammadia et de Djelfa ainsi que d'un important matériel qui servait à la fabrication de faux documents. Mieux encore, un certain nombre de véhicules volés a été découvert dans le garage d'un élément du groupe. Ce dernier achetait ces voitures chez des délinquants, avant de leur établir des documents qui lui permettaient de les revendre à des particuliers grâce notamment aux faux documents que ses complices confectionnaient. La semaine dernière, une autre bande non moins dangereuse, a été démantelée. Composée de 9 éléments, elle était spécialisée dans le trafic de documents administratifs et dans le maquillage des numéros d'identification des véhicules volés. Cette bande s'articulait autour du génie de deux «têtes pensantes». S.B., propriétaire d'un garage dans la région de Gdyel, et M.M., un as de l'informatique, a été appréhendé chez lui à Bousfer. A l'issue de ce coup de filet de la police, un important lot de documents administratifs vierges a été récupéré ainsi que du matériel informatique et 9 véhicules ayant fait l'objet de vol. Toujours dans la même période, M.D., un employé du consulat d'Espagne à Oran, a été présenté au magistrat instructeur et écroué. Cet individu, moyennant la somme de 5000 FF, permettait à des candidats à l'émigration d'acquérir des visas Schengen. Voyant son trafic devenir juteux, il poussera l'audace jusqu'à falsifier des rendez-vous auprès des services consulaires, initiative qui le perdra puisque le pot aux roses fut vite découvert. Aujourd'hui, au fond d'une cellule, il attend son jugement. Une autre bande spécialisée dans le trafic de visas Schengen vient d'être, elle aussi, démantelée. En effet, cette dernière se chargeait de faire voyager «des clients» avec des faux documents de voyage qu'elle récupérait une fois les frontières ibériques franchies. Cette façon d'agir, qui avait permis à plusieurs individus au comportement douteux de quitter le pays, a été découverte grâce aux aveux de voyageurs arrêtés au port et à l'aéroport d'Oran, détenteurs de faux documents de voyage. Leurs aveux recoupés ont conduit les policiers à découvrir le stratagème utilisé par cette bande. Au total, 6 bandes composées de 51 individus ont été démantelées depuis le début du second semestre 2001. Ce chiffre renseigne sur la volonté des trafiquants de faire d'Oran une place forte de tous les trafics. L'année dernière et pour la même période, seules 2 bandes ont été appréhendées, c'est dire que la «mafia» adapte ses moyens d'action en fonction des données qu'elle «récolte» sur le terrain. Les documents administratifs de l'Etat algérien continueront d'être la cible des faussaires tant les falsifier est un jeu d'enfant même pour le piètre des trafiquants. Les changer paraît une urgence car au train où vont les choses, tout peut devenir objet de transaction, il suffit seulement d'y mettre le prix.