«Il est temps que l'Islam reprenne son rang de première source d'inspiration de toutes les lois du pays.» Le Mouvement de la société pour la paix plaidera pour la consécration de la Charia (législation musulmane), comme première source d'inspiration dans l'élaboration de la future Constitution. «L'Islam n'a pas eu la place qui lui revient dans les trois Constitutions adoptées à ce jour par l'Algérie indépendante», nous ont indiqué, hier, des sources proches de la direction du MSP, qui considèrent qu'«il est temps que cette constante de l'identité nationale reprenne son véritable rang de première source de législation de toutes les lois du pays.» C'est à ce niveau-là, peut-on déduire, que le MSP compte marchander sa carte de soutien au projet de la révision constitutionnelle et du troisième mandat présidentiel. Un fait qui n'a rien de surprenant quand on sait que cette formation politique appartient au courant islamiste. Et de surcroît, affichait une forte convergence avec les idéaux professés par les Frères musulmans et bien d'autres organisations islamistes de dimension internationale. Le silence observé à ce jour par le MSP par rapport à la question de l'amendement de la loi fondamentale, est dicté justement par un souci de «ralliement fructueux». Le MSP est en train de faire du chantage pour faire aboutir ses exigences. «Je vous soutiendrais dans le cas où vous vous engagez à prendre en compte nos propositions», semble dire Soltani à ses alliés au sein de l'Alliance présidentielle. D'autant plus que la règle politique fait que l'on monnaie le «poids» de son soutien quand on n'est pas en mesure de s'imposer tout seul. Indiquons que sur ce point, les «revendications» du MSP ont toutes les chances de se voir concrétisées, du moins partiellement, dans la 4e Constitution algérienne. En effet, les penchants conservateurs de l'actuelle direction du FLN, ne vont pas à l'encontre de l'essence théocratique du parti de Bouguerra Soltani. Ces deux partis, le FLN et le MSP, dans l'ordre actuel des choses, peuvent faire bon ménage autour de cette histoire de religion et de Constitution. Il faut dire, cependant, que cet ordre pourrait être radicalement chamboulé dans le cas où le congrès du vieux parti, prévu pour avril prochain, propulserait à sa tête une direction antinomique adepte des thèses du MSP. Aussi, le RND est appelé, de par ses «convictions politiques», à s'opposer à des propositions prônant l'instauration graduelle d'un Etat théocratique. Par ailleurs, le MSP plaide, ajoutent nos sources, pour que le chef du gouvernement soit issu du parti majoritaire au Parlement. Une revendication qui ne témoigne pas d'une volonté d'instaurer un régime parlementaire. Le président de ce mouvement a eu, d'ailleurs, à exprimer sa préférence en indiquant que «le régime présidentiel est le système qui convient le mieux aux pays du tiers-monde.» Le Mouvement de la société pour la paix, explique-t-on encore, «veut que le chef du gouvernement ait des prérogatives qui lui permettent d'appliquer son propre programme». Cette proposition, quant à elle, traduit à la fois les craintes et les aspirations du MSP. Un parti persuadé de sa capacité de décrocher la majorité au sein du Parlement, mais qui craint toutefois, qu'on l'empêche de driver l'Exécutif. Sur un autre plan, la direction du MSP, selon nos sources, demande la reprise des consultation entre la Présidence et les partis politiques. Des consultations, déplore-t-on, que l'on a interrompues depuis l'accession du président Bouteflika à la magistrature suprême.