Pour le MSP, la révision sera inutile si elle ne devait concerner qu'un seul article. La révision de la Constitution ne doit pas obéir à un besoin conjoncturel, encore moins à une quelconque volonté de demeurer au pouvoir. Cette démarche devra consacrer un changement de fond dans le système politique algérien, élargir les libertés, renforcer les droits de l'homme, et instaurer une véritable démocratie. C'est là, la vision que porte le Mouvement de la société pour la paix MSP sur cette question. Abdelkrim Dahmane, ancien député et cadre du parti, invité jeudi au Forum de la Chaîne II de la Radio nationale, a plaidé pour l'engagement d'un véritable débat. Celui qui permettra aussi bien à la société civile qu'aux partis politiques de définir la nature des changements souhaités. «Si la révision touche à un seul article de la Constitution, je pense qu'elle sera inutile», a-t-il souligné. Le conférencier qualifie d'opportunisme politique la démarche de ceux qui soutiennent tambour battant l'abrogation de l'article 74. «Paradoxalement, ce sont ces mêmes parties qui ont défendu en 1996 la limitation du mandat pour préserver le principe de l'alternance au pouvoir.» Si l'on se réfère aux positions de M.Abdelkrim Dahmane, le MSP se prononcerait contre la révision du texte fondamental si la démarche sortait du cadre tracé par le parti. Cette formation a jusqu'ici conservé le mutisme. Selon nos sources, la question de la révision constitutionnelle n'est pas inscrite officiellement dans le programme du congrès, prévu le 29 avril. «On ne peut pas se prononcer sur un dossier dans lequel on ne dispose d'aucune donne», soutient le représentant du MSP. Par ailleurs, le représentant du PT, M.Ramdane Taâzibt, qui a pris part à la table ronde organisée par la Radio nationale, a défendu que la révision de la Constitution «exige un débat serein, loin de toute pression avec la participation de tous les partis politiques et institutions concernées», d'autant qu'il s'agit d'une «question essentielle pour toute la société». Emboîtant le pas au MSP, il a défendu que la révision de la Constitution ne doit pas se limiter à l'amendement de l'article 74, mais doit s'étendre aux «préoccupations de la nation et à la souveraineté nationale». M.Taâzibt a rappelé la position de son parti à ce propos, précisant qu'il ne s'oppose pas à la succession de mandats présidentiels, à condition d'«organiser des élections crédibles, libres et démocratiques, permettant d'élire un président qui a été réellement choisi par le peuple». «Pourquoi, a-t-il soutenu, limiter le mandat du président alors que les parlementaires et les élus locaux ont le droit de se présenter aux élections autant de fois qu'ils le souhaiteraient?» Par ailleurs, le député du PT a fustigé les organisations satellitaires qui ont amorcé une campagne pour la révision de la Constitution sans connaître le contenu de ce texte. Taâzibt a soutenu que la révision constitutionnelle est un dossier interne: «La question attire paradoxalement l'intérêt des représentations politiques en Algérie et de plusieurs cercles étrangers, alors que le débat ne doit concerner que les Algériens.» Le Front national algérien (FNA), par le biais de son représentant M.Osmane propose, quant à lui, de clôturer le débat pour le relancer quand le flou qui couvre ce dossier sera dissipé. Pour sa part, M.Mohamed Barkouk, juriste, estime que la Constitution de 1996 est dépassée surtout dans le chapitre qui fixe la relation entre les deux pouvoirs: législatif et exécutif. La révision souhaitée devra rompre, selon lui, avec le bicéphalisme dans les institutions de l'Etat. La principale tache noire du système politique algérien.